On ne comprend pas une œuvre, on comprend
l'homme qui l'a faite.
Boris
Vian – Jazz Hot
Oui, comprendre une œuvre, c’est
impossible, car dans ce cas on pourrait tout en dire et après l’avoir fait on
pourrait rentrer dans le silence et imposer à chacun de le faire.
En réalité, une œuvre d’art, c’est un
« réservoir » de sens inépuisable, un stimulant extraordinaire
pour la pensée, pour l’émotion, pour
l’extase : « O récompense après
une pensée / Qu’un long regard sur le calme des Dieux ! » (1)
Telle est la méditation du poète.
L’œuvre d’art nous donne à penser, et c’est
déjà beaucoup. Vouloir ensuite la faire entrer dans notre méditation et prétendre
que rien n’en dépasse, voilà une étrange présomption. Qu’on s’enrichisse de la
science de l’historien personne n’en doutera (2) ; mais n’en demandons pas
plus.
Este qu’on n’en finit pas de prononcer des
paroles définitives sur l’œuvre d’art. Présomption ridicule à la quelle nous ne
savons pourtant pas renoncer ?
Boris Vian nous invite à contourner la
difficulté : renoncez, nous dit-il, à vouloir expliquer l’œuvre. Tâchez
seulement de comprendre l’homme. Bigre ! La tâche est également
insurmontable ! Mais enfin peut-être que si on ne peut pas tout connaître
de l’artiste peut-on au moins en comprendre une petite partie ? Par exemple
comprendre ce qu’il était, ce qu’il aimait, ce qu’il cherchait lorsqu’il a créé
son chef d’œuvre ? Comprendre non l’œuvre, non l’artiste, mais le rapport
de l’un à l’autre.
De Leonard à la Joconde ; De Beethoven à Elise ; D’Aragonà Elsa…
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(1) Paul Valéry – Le cimetière marin
(2) Visionner et écouter le commentaire du
musée du Louvre sur la Joconde ici.
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