Citation du 20 aout 2015

A quoi sert-il d'être adoré ? Voulez-vous me le dire ? Est-ce que ça m'empêchera d'avoir un cancer du rectum, si je dois en avoir un !

Louis-Ferdinand Céline - L'église

Un cancer du rectum ! Il en a de bonnes, Céline ! Pourquoi pas un cancer du cul, tant qu’il y est ? Sans doute parce qu’il vaut mieux suggérer que dire, mais c’est à peu près la même chose : c’est à dire une sale maladie (1).
L’essentiel est que l’amour n’a aucune prise sur la vie réelle, qu’il ne change rien à nos fins de mois calamiteuses, et que vivre d’amour et d’eau fraiche, ça n’a pas d’avenir. L’amour : c’est le sentiment, l’adoration de l’aimé : c’est la passion – mais le désir vorace de l’Autre ne le protègera pas des vilaines maladies.

Voyons maintenant la question de Céline : A quoi sert-il d'être adoré ?

- Déjà, on peut dire que ça ne doit servir à rien, parce que l’amour c’est du luxe, quelque chose qui est en plus dans la vie, quelque chose qui a à voir avec le désir, la jouissance, tout cela qu’on peut nommer le bonheur. Autant demander alors : A quoi sert-il d’être heureux ?

- Est-ce un défaut pour l’amour de ne pas pouvoir protéger du cancer du rectum ? En effet, à part dans les pochades de Molière, l’« amour médecin » n’existe pas, mais qui donc le lui demande ? Peut être l’amoureux qui voit sa bien aimée mourir de phtisie dans ses bras ; mais quoi ? L’amour est une passion de l’âme, qui ne peut s’assouvir qu’au contact de l’âme de l’Autre, non de son corps.

- Concluons donc : l’amour, ça ne sert à rien et tant mieux ! Sinon, ce serait un service qu’on achèterait sur le marché aux amours.

… Le marché aux amours : ne me dites pas que ça existe !

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(1) Supposez un instant que la Dame aux Camélias meure d’un cancer du rectum ? Quelle horreur !