Plaisir
d'amour ne dure qu'un moment, / Chagrin d'amour dure toute la vie.
Après la foi
religieuse, voici venue la foi amoureuse : je pense ici au sursaut de
l’amoureux(se) qui entend cette chanson : « Comment peut-on dire que le plaisir d’amour ne dure qu’un moment,
alors que l’amour en moi est destiné à durer toujours ? »
C’est que le sentiment amoureux est plus qu’un sentiment ; il est une réalité
nouvelle à la quelle accède un être lié par l’amour à un autre être. Ainsi les plaisirs qui ne durent qu’un moment
sont seulement les plaisirs des sens, ceux que la chair nous donne à éprouver,
alors que l’amour est cette surrection de l’âme qui ne retombera jamais (ou
alors pas dans son assiette primitive).
– Oui, mais
justement : le chagrin d’amour ne résulte-t-il pas du fait que l’amoureux
ne survivra pas à la perte de son amour ? A l’époque romantique, on
mourait d’amour justement parce que cette perte était irréparable : qu’on
se rappelle la mort de Charlotte la malheureuse héroïne de Goethe (1). Ainsi,
l’amour est sublime, il est sentiment de l’infini ou bien, comme on vient de le
dire, il signifie la mort de l’amoureux(se) : si le chagrin d’amour dure toute la vie, c’est parce qu’il mène au
tombeau.
Brrrrr… Pas joyeux, ça ! Mais
voyons, une de perdue, dix de retrouvée ! Et puis avec Meetic, pas de
problème !
Si vous
voulez – on ne va pas se disputer pour si peu. Mais quand même, accordez que le
thème de l’amour lié à celui de la mort a un singulier pouvoir en littérature,
poésie, ciné, etc… Les amants qui meurent la main dans la main, ça ne vous fait
pas quelque chose ?
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(1) Cf.
Goethe – Les affinités électives. (à
lire et à télécharger ici)
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