Sans doute
vous arrive-t-il parfois de vous arrêter … dans ces lieux qu'on appelait
autrefois des lieux d'aisance ou des commodités devenus, sous la pression
hygiéniste, des vécés ou des toilettes.
Didier Martz – Ainsi va le monde n° 301
Voilà : lisez
cette chronique de mon ami Didier Martz, vous verrez qu’outre une réflexion sur
les miroirs (évoqués hier) il pose une question bien dérangeante : comment nommer les
endroits dédiés à la satisfaction des besoins naturels tels que défécation et miction ?
Les lieux d’aisance ? Les commodités ? les vécés ? Les
toilettes ? Tout cela relève soit de la métaphore, soit de la métonymie,
jamais d’un terme uniquement réservé à cet… endroit.
- C’est vrai,
j’avais pensé à « latrines »,
mais je constate qu’il s’agit là encore d’un lieu tel que des bains publics où
on pouvait soulager bien des besoins naturels. (1)
Alors,
consultons un dictionnaire des synonymes : Latrines
: cabinet, cabinets, feuillées, fosse
d'aisances, lieux d'aisances, toilettes, vespasienne, water-closets, W.C. (Crisco
– Dictionnaire des synonymes). On le voit, nous sommes toujours dans le même
registre : aucun terme « propre » (!) n’est jamais utilisé pour
désigner ces endroits ; on ne trouve que des termes argotiques ou
vulgaires (les « chiottes »,
les « pissotières »).
La question est
alors : pourquoi ? Oui, on peut comprendre que l’argot reprenne les
fonctions jugées basses et vulgaires du corps humain ; mais pourquoi pas
d’équivalent dans un niveau plus relevé du langage ?
Est-ce à dire
que nous n’en avons pas besoin ? Mais alors pourquoi avoir pléthore de
vocables pour désigner le fait de manger ou de boire – voire même de coïter
(ou « copuler » : celui-là, il dit bien élégamment ce qu’il veut
dire !). J’ai une hypothèse qui ne vaut pas grand chose, mais elle a
l’avantage d’exister : c’est qu’il nous faut ajouter un plaisir à
l’évocation de ces choses cochonnes. Et ce plaisir c’est celui de la langue. Je
veux dire : c’est le plaisir de la métaphore, du tour rhétorique subtil et
imprévu qui va enjoliver la chose évoquée. Parce qu’autrement, il se pourrait
que notre bouche fut souillée par les mots qui y passent et qu’on soit obligé
(comme pour les petits enfant qui ont proféré des « dirty words ») de
nous laver la bouche avec du savon.
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(1) Latrine –
Empr. au lat. de l'époque impériale latrina : bains ; lieux d’aisances
(Gaffiot – Dictionnaire latin français)
1 comment:
A moins d'oser, comme Rabelais, réévaluer le "bas corporel" en faisant l'éloge du "torche-cul".
Mais "inter faeces et urinam nascimur" Saint Augustin
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