Le rôle de la
douleur, des déceptions et des idées noires n’est pas de nous aigrir, de nous
faire perdre nos valeurs et notre dignité, mais de nous mûrir et de nous purifier.
Hermann Hesse
Quand on me
parle de pureté, j’entends : purification.
De même qu’on
n’enfante que dans la douleur, on n’accèderait à la beauté ou à plus de valeur
qu’en souffrant. Ainsi du poète (forcément « maudit ») ; ainsi
de la belle femme (il lui faut « souffrir pour y parvenir ») ;
ainsi du sportif au corps d’athlète qui doit suer des heures durant à
soulever de la fonte.
Hermann Hesse
ajoute un autre aspect à ce jugement sur la douleur : elle purifie, en éliminant toutes ces scories
qui nous empêchent de nous élever vers plus de valeur. Oui, c’est cela :
souffrir ce n’est pas seulement se laisser arracher toutes ces choses, ces
désirs, ces jouissances ; c’est aussi accepter que cette mutilation
s’accompagne de déceptions, d’idées noires, bref : toutes ces blessures nous
enseignent l’humilité sans la quelle le petit Narcisse qui est en nous
continuerait à faire obstacle à notre cheminement vers plus de morale.
Autrement
dit, pas de pureté sans une ascèse douloureuse qu’on s’inflige à soi-même… avant de l’infliger aux autres. Car bien sûr
après avoir tant souffert, comment ne pas souhaiter que tout le monde puisse à
son tour accéder à ce monde merveilleux ? Et pour en faciliter l’accès,
commençons, disent-ils, en détruisant ces divertissements, ces moments de faux bonheur qui en réalité
empêchent de voir la pureté du ciel.
Ce qui s’incarne
dans ces renoncements et dans ces souffrances devient le sacré. Souffrances que
les mystiques affirment être porteuses de la plus pure joie : « Ô récompense après une pensée / Qu’un long
regard sur le calme des Dieux » disait Valéry (1)
Simplement
les religions sont un peu plus exigeantes que cela : à elles le pèlerinage
à genoux, les jeûnes et la robe de cilice !
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(1) Dans le
Cimetière marin et … gravé sur sa tombe.
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