Le spectacle
n'est pas un ensemble d'images, mais un rapport social entre des personnes,
médiatisé par des images.
Guy Debord – La société du spectacle
La société du spectacle
Ce Post m’a
été inspiré par l’usage abusif de l’expression « société du spectacle » qu’on utilise sans se soucier du sens
que lui a donné Guy Debord. (1)
Exemple :
quand on critique le déferlement de l’image du petit Aylan, mort noyé, et son
rôle dans l’émotion planétaire, on parle systématiquement de la société du spectacle, qui scénarise et
met en image des faits politiques ou sociaux pour en tirer un parti quelconque
(en dernière analyse : de l’argent ou du pouvoir).
Cette interprétation
n’est certes pas un contre-sens, mais c’est au moins un faux-sens, dans la
mesure où la pensée de Debord se trouve tronquée et affaiblie.
Qu’on lise
ceci : « Selon Debord, le
spectacle est le stade achevé du capitalisme, il est un pendant concret de
l'organisation de la marchandise. Le spectacle est une idéologie économique, en
ce sens que la société contemporaine légitime l’universalité d’une vision
unique de la vie, en l’imposant aux sens et à la conscience de tous, via une
sphère de manifestations audio-visuelles, bureaucratiques, politiques et
économiques, toutes solidaires les unes des autres. Ceci, afin de maintenir la
reproduction du pouvoir et de l’aliénation : la perte du vivant de la vie. »
(Lire ici). On comprend que Guy Debord critique la société de consommation qui
procède par l’aliénation des personnes humaines transformées en individus
définis de façon artificielles par des procédés multiples dont la mise en scène
et en image n’est qu’un moyen parmi d’autres – bien que solidaires d’eux. Le spectacle en question est bien constitué entre
autres par la publicité, les magazines et les vidéos charriées par les réseaux
sociaux. Mais on dénaturerait ces vecteurs si on les considérait indépendamment
des procédés d’aliénation tels que l’organisation du travail, de la
consommation, des loisirs etc.
Ce que Debord
ne connaissait pas à son époque (années 60), c’est l’accélération du processus
de mise en scène et en image ; c’est aussi la substitution de plus en plus
cyniquement évidente de la fiction à la réalité (par exemple : émission de
téléréalité) ; mais tout ceci est parfaitement conforme à la théorie.
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(1) Guy
Debord – La société du spectacle – Folio (1967)
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