Il ne saurait y avoir de vérité première. Il n’y a que des
erreurs premières.
Gaston
Bachelard (1884-1962)
L’intuition première est toujours une erreur. La vérité n’existe
que si elle est prouvée.
Tel est le principe fondateur de la méthode
cartésienne ; telle est la base de l’esprit scientifique.
L’objection qui vient à l’esprit est qu’on vit grâce à des
intuitions immédiates, à des réactions irréfléchies et c’est tant mieux :
comment survivrait-on si on devait devant une urgence prendre le temps de peser
le pour et le contre avant de réagir ? On raconte que Pyrrhon (fondateur
du scepticisme) alors qu’il cheminait sur une route de montagne, prenait le
risque de tomber dans le ravin, disant qu’il n’avait pas la preuve qu’il
existât vraiment !
Mais qu’est-ce que ça prouve ? Rien de plus sinon qu’il
y a des vérités qui apparaissent comme cela, mélangées à des erreurs et que
seules les circonstances nous disent ensuite la quelle est bonne, la quelle ne
l’est pas. Platon disait qu’il y existe des opinions droites : droites
comme la route sur la quelle chemine l’aveugle – mais dès qu’elle tourne, il
tombe. L’opinion droite porte une connaissance mais elle ne nous dit rien de sa
véracité. On fait avec, comme tout le monde. Le jour où on se trompe, on est
comme l’aveugle sur la route qui bifurque : on se fiche par terre.
On objecte également que des générations innombrables ont
depuis l’origine des temps (sic) cru dans la même chose, et que ça en valide le
contenu. Alors, si vous attrapez une bonne maladie, faites brûler un cierge ou
bien prenez une décoction d’herbes des champs. Et puis consultez votre
horoscope pour savoir si vous allez attraper la grippe cet hiver.
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