Sunday, April 09, 2017

Citation du 10 avril 2017

On peut aisément pardonner à l’enfant qui a peur de l’obscurité. La vraie tragédie de la vie, c’est lorsque les hommes ont peur de la lumière.
Attribué à Platon

Belle citation, n’est-ce pas. Est-ce Platon qui a dit cela ? J’ai des doutes, et pas seulement parce que le style n’est pas raccord, mais aussi parce que Platon était loin d’être aussi généreux avec la diffusion des lumières : il n’est que de lire la Lettre VII pour voir que la connaissance doit selon lui être réservées aux quelques uns qui le méritent ; quant aux autres ils resteront dans l’obscurité et ça sera mieux pour tout le monde !
Mais, bon : nous voilà de toute façon en présence d’un éloge des lumières de l’intelligence et de la science. Sommes-nous d’accord avec ce jugement ? Peut-on avoir peur de ces lumières ?
- Déjà, pour soi-même, on peut craindre d’apprendre la vérité : Suis-je malade ? Ma femme me trompe-t-elle ? Serai-je reçu à mon examen ? En cela, notre citation dit vrai : se réfugier dans l’ignorance, c’est être comme un enfant qui aurait peur non de la lumière mais de ce qu’elle pourrait révéler : restons donc dans l’étrange sécurité des ténèbres !
Mais en même temps l’adulte peut assumer ce refus de savoir : combien d’hommes ou de femmes ont dit à leur conjoint : « Si tu me trompes un jours, arrange-toi pour que je ne le sache pas ! » - car alors seule la souffrance est prise en compte et, comme le dit l’Ecclésiaste, « …avec beaucoup de sagesse on a beaucoup de chagrin, et celui qui augmente sa science augmente sa douleur. » (Ecclésiaste, I-18).
- De plus, on connaît le Discours de Rousseau sur les sciences et les arts, où il s’efforce de montrer que, contrairement à ce qu’on pensait à son époque (le siècle des Lumières, justement !), le progrès des civilisations dans ces deux domaines ont été cause des malheurs et de la corruption de l’humanité.

On haussera les épaules en disant que depuis Rousseau de l’eau – beaucoup d’eau – a passé sous les ponts. Mais qu’on se détrompe en lisant le livre de Yuval Noah Harari – Sapiens, une brève histoire del’humanité, où il montre que l’invention de l’agriculture et de l’élevage a été cause d’innombrables malheurs pour l’humanité… et pour la nature !

1 comment:

FRANKIE PAIN said...

salutation .