Tout en
restant, s’il le faut, le dernier par le succès, tu peux devenir le premier par
l’effort […] Courage !
Ferdinand Buisson – Adresse au dernier de
la classe (1887) (Lire le texte en annexe)
Quelle
évolution ! Depuis 1887, plus d’un siècle a passé ; qui donc
aujourd’hui se soucie du dernier de la classe ? Déjà, il faudrait qu’il y
ait un classement et que l’on sache qui est premier et qui est dernier.
Aujourd’hui on a plus rationnellement séparé les bons des mauvais en les plaçant
dans des établissements différents. Finie l’école de la République qui mélange
les petits français et qui offre au dernier le spectacle des premiers qu’il
peut envier et s’efforcer d’imiter. Aujourd’hui, il y a les collèges de « centre-ville »
et les collèges « tout-pourris » : tout le monde l’accepte et
tout le monde se bat pour éviter les derniers et intégrer les premiers. Qu’il
y ait des élèves incapables d’avoir le
niveau, on s’en fiche complétement, à condition que ce soient les enfants des
autres. (1)
Maintenant
observons que Ferdinand Buisson n’a, dans cette question, pas du tout la
ségrégation en tête : lui au contraire il vient de fonder l’école
républicaine, la même pour tous, où tous les lundis matin à 8 heures pile, tous
les petits français de 10 ans trempaient leur plume dans l’encre violette et faisaient
une dictée. Non – Ce qui importe c’est de valoriser l’effort ; même quand
il n’est pas récompensé (on songe au terrassier qui touche un salaire de misère
tandis que le patron se remplit les poches en se prélassant dans son fauteuil
de PDG), il vaut par lui-même. « Tu
acquiers de jour en jour de la force et de la valeur » dit Buisson au
petit cancre. Il est inutile de faire la révolution pour être récompensé de ses
efforts : il le sera – Même si les puissants ne le font pas, Dieu y
pourvoira.
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(1) Pour
mémoire il y a deux ans les mamans d’une école d’un quartier ghetto de
Montpellier (Le quartier du Petit-Bard, 95% d’origine marocaine) ont fait un
scandale parce que, suite à un remaniement de carte scolaire, leurs enfants
devraient obligatoirement aller dans le collège du quartier et non dans un
établissement fréquenté par les « petits blonds ». Lire ici
Annexe –
« Tu peux même avoir davantage de mérite que tes camarades ; si tu te
donnes plus de peine qu’eux. Tout en restant, s’il le faut, le dernier par le
succès, tu peux devenir le premier par l’effort […] Courage ! En apprenant
petit à petit à te corriger, à travailler, à t’observer et à te faire violence,
tu acquiers de jour en jour de la force et de la valeur ; tu as fait
aujourd’hui un petit progrès, tu en feras demain un autre : continue ainsi, et,
peut-être, dans la vie, arriveras-tu plus haut que ceux qui sont aujourd’hui
les premiers. »
Ferdinand Buisson – Adresse au dernier de la classe (1887)
Ferdinand Buisson – Adresse au dernier de la classe (1887)
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