Tout ce que tu ne sais pas donner te possède.
Gide
– Les nouvelles nourritures
On dit couramment « Ce que tu possèdes te
possède », mettant en avant l’idée que notre liberté est limitée par le
souci de la propriété, et que ce n’est pas être libre que de posséder des biens
matériels.
Faisant un pas de plus, on se demande à présent :
Comment être sûr que ce que nous possédons nous contraint ainsi ? Après
tout, faudrait-il être comme les moines mendiants et ne posséder que l’écuelle
qui nous permet de quémander l’aumône ? Devrais-je me défaire de tous mes
biens pour en être délivré ? Et si certains d’entre eux n’étaient pas une
contrainte, pourquoi faudrait-il s’en priver ?
On peut alors faire avec Gide cette expérience
virtuelle : demandons nous si nous pourrions donner ce que nous
possédons ? Non pas donner par générosité, ou pour le plaisir de voir le
bonheur luire dans les yeux de celui qui reçoit de nous ce cadeau ; mais
donner pour voir ce que ça fait.
Et vous, alors : sauriez-vous donner votre précieux
smartphone ? Ou les clés de votre jolie voiture ? Ou encore – plus
modestement – votre skate, votre vélo de compet’ ou votre Gyroroue
électrique ?
Mais tout ça, c’est un peu vite dit : devons nous
rejeter tout ce que nous possédons et nous retrouver à poil comme au jour de
notre naissance ? Non, bien sûr et l’ascétisme n’est pas forcément le bon
choix. Gide va un peu vite en besogne : il y a bien des choses qui font
désormais partie de nous mêmes, et que nous reconnaissons comme telles. Ainsi,
nous pourrions bien nous passer d’un ordinateur pour autant que nous aurions
une bibliothèque remplie de beaux livres. Mais du coup, devoir nous passer de Google ?
Ça, jamais !
Ça, jamais !
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