Dans une catégorie considérable de cas – mais non pour tous
– où nous employons le terme « sens », on peut le définir
ainsi : le sens d’un mot est son
emploi dans la langue.
Wittgenstein
On parle mal de la bouche, mais on n’est pas méchants. A ma
copine je vais dire « salope », mais c’est affectueux.
Françoise
23 ans (Libé du 14 avril 2017, p. 19)
Selon Wittgenstein, un mot n’a de sens (= de définition) qu’à
condition de connaître l’ensemble de ses emplois, mais cet ensemble n’existe
pas car les mots dépendent des « situations » d’emploi, causes et
conditions de leur énonciation et celles-ci varient à l’infini.
Nous sommes dans le cadre des « jeux de langage » qui sont un tout composé de la langue et des
actions en les quelles elle se transforme. Est-il donc impossible de se
comprendre ?
Alors, toujours selon Wittgenstein, il y a bien une langue commune qui n’est autre que
l’aboutissement de ces situations collationnées et pondérées de sorte qu’on
puisse donner une définition de chaque mot – tout en sachant qu’elle n’est
qu’un « à peu près » statistique. On devine que tout cela permet les
écart de sens extrêmes, comme Françoise qui dit à sa copine avec un ton
affectueux : « Qu’est-ce que
t’es salope ma chérie ! ». Toutefois, il y a là quelque chose
d’extrêmement volatile : que devient ce sens dès lors que la situation
s’est évanouie ?
- L’article de journal d’où je tire cette citation est
consacré aux recherches opérées sur le « parler des quartiers» : les
résultats de ces recherches sont « historiques » entendez qu’on ne peut
donner que des définitions datées, et les réviser au fur et à mesure des modes.
D’où la faiblesse de ces langages qui n’ont pas un dictionnaire de l’académie
pour en fixer l’usage.
Mais, que savons-nous du sens que Descartes donnait à ses
phrases écrites pour les gens du 17ème siècle ? Lorsqu’il ouvre
son Discours de la méthode en écrivant : « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. » sait-on
exactement ce qu’il avait dans la tête ?
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