Il s’agit de
savoir comment on gouvernera. Depuis toujours, il n’y a que deux méthodes : la
force ou la ruse.
Aragon – Les Beaux Quartiers
Machiavel a
dit « selon les circonstances, le Prince doit être un renard et puis un
lion » : mis à part le fait qu’il écrive un « et » là où Aragon met un « ou », il n’y a aucune différence.
La raison en tout cas est absente du principe du gouvernement, et diriger un
peuple en faisant appel à son consentement éclairé est purement une utopie.
Alors tout le
monde le sait, mais personne ne l’accepte vraiment. On parle de démocratie participative qui rapproche
le peuple de la prise de décision du pouvoir ; certains osent aller encore
aujourd’hui jusqu’à espérer l’autogestion
– et pour le moins, les citoyens estiment qu’ils élisent leurs gouvernants sur
la base d’engagements chiffrés ce qui leur donnerait le droit de les chasser lorsqu’ils ne suivent pas le
cahier des charges.
Le
machiavélisme est-il un cynisme ? Ou bien, devons-nous croire que le
peuple est comme un animal gouverné par ses passions et ses envies, ce qui le
rend inapte à obéir de façon raisonnable ? La manipulation des masses
reste-t-elle indispensable quand bien même on ferait le bien du peuple –
une sorte de méthode d’action justifiée par la nature de ceux qui lui sont
assujettis ? Déjà les romains réclamaient du pain de des jeux – on dirait aujourd’hui du foot et de la bière
– pour accepter le joug de l’empereur.
Bref :
pourquoi serions-nous si différent de nos ancêtres au point d’être scandalisés
lorsque nos Présidents prennent une direction opposée à celle de leurs
promesses ? Méritons-nous mieux ? Je veux dire : méritons-nous
d’être gouvernés en toute franchise ?
En pareil
cas, on cite toujours Churchill promettant à ses compatriotes « du sang et
des larmes » (1) : est-ce donc un cas si exceptionnel qu’on en parle
encore 70 ans après ? Peut-être… Seulement on oublie de dire que Churchill
n’apprend rien à ses concitoyens : le guerre est là, et personne ne peut
l’ignorer.
L’idée alors
serait qu’on se détourne de la vérité tant qu’on le peut, ne la voyant que
lorsqu’il est trop tard pour lui échapper. En attendant, voilà nos Présidents
qui nous promettent des lendemains qui chantent…
Notez bien
que Churchill promettait lui aussi un avenir radieux : il appelait ça
« la victoire ». Il faut ce qu’il faut.
-----------------------------------
(1) « Je n’ai rien d’autre à offrir que du
sangde la peine
des larmes et de la sueur » Churchill Discours aux communes le 13 mai 1940
No comments:
Post a Comment