Les riches héritent, les pauvres n'ont pas de parents.
Baltasar
Gracian (1601-1658)
« Loin de favoriser l’égalité des chances, l’école
participe à la reproduction des inégalités sociales et légitime ces inégalités
par un discours méritocratique. L’école transmuerait ainsi l’héritage
différencié de certaines dispositions culturelles en inégalités sociales et
rendrait acceptables ces inégalités en les attribuant au mérite personnel des
élèves. »
Anne
Jourdain et Sidonie Naulin – Héritage et transmission dans la sociologie dePierre Bourdieu (2011)
De Baltasar Gracian à Bourdieu, peu de différence dans l’appréciation :
les pauvres n’héritent de rien, les riches de tout. Car ce n’est pas seulement
le patrimoine économique ou la position sociale qui se transmet de père en
fils. C’est aussi le patrimoine culturel,
dont la transmission est assurée par la famille mais sous couvert de
l’école.
Les pauvres n’ont pas de parents parce qu’ils n’ont pas
d’héritage. Est-ce sûr ? Et si cet héritage était comme pour les classes
aisées la capacité à s’insérer dans la société là où étaient leurs
parents ? On m’objectera certes que ce n’est pas bien compliqué d’hériter
de la charge de balayeur de rue comme-Papa ! Où qu’on préfère taper dans
un ballon plutôt que de lire La Princesse de Clèves, lorsqu’il n’y a aucun
livre dans la maison.
Mais ce n’est en réalité que mépris pour les classes
« populaires », car on les juge à l’aune des critères des
bourgeois : « Ces gens-là n’ont pas même une salle de bains : le
croiriez-vous très chère ? ». – L’essentiel est dans la cohésion face
à l’adversité et dans les moments de fêtes que permettent les travaux des
champs, dans la campagne d’autrefois.
Ce que cet « héritage » ne permet pas, toutefois,
c’est de se hisser dans l’échelle sociale. Une véritable révolution
consisterait à établir l’égalité dans les critères de classement égalité
résultant de leur égale distribution.
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