Et alors il peut arriver que la cité se soumette
volontairement; mais si elle résiste, de même qu'il (= l’homme tyrannique) maltraitait
naguère son père et sa mère, il châtiera sa patrie, s'il en a le pouvoir; il y
introduira de nouveaux compagnons, et, leur asservissant celle qui lui fut
autrefois chère, sa matrie, comme disent les Crétois, et sa patrie, il la
nourrira dans l'esclavage. Et c'est là qu'aboutira la passion du tyran.
Platon
République livre 9
La Patrie était originellement la terre natale du père. Et puis, un peu plus tard, elle
s’est transformée en mère – mieux vaudrait dire « matrie » comme dit Platon, si ce changement ne venait pas choquer l’usage. Bref, la patrie qui
d’abord porte secours à ses enfants en les aidant à s’éduquer, à se soigner, à
se défendre etc…, est en même temps cette mère que l’on doit défendre contre
les envahisseurs.
D’où ce crime dénoncé par Platon du chef corrompu qui
corrompt ses concitoyens et qui du coup porte lui-même le danger au sein même
de la Cité qui l’a engendré (1). Y a-t-il pire crime que celui-ci ? Sous
l’ancien régime le crime le plus abominable était, après le régicide, celui de
parricide – et de « matricide ».
Qu’en est-il aujourd’hui ? Nous n’irons pas jusqu’à la
trahison du chef pour évoquer notre époque, mais il est tentant de réfléchir à
ce crime de corruption des citoyens, qui jusqu’à présent était resté sans exemple –
mais, si Platon avait raison, si en politique la corruption des dirigeants
consistait aussi à vouloir répandre partout leur vice ? Qu’on doive avouer
que le vice ait pour nature non seulement de chercher sa satisfaction, mais
aussi d'envahir partout où il le peut ? N’oublions pas Sade qui voulait (2) que
les lois autorisent ces débordements au lieu de les réprimer ?
Exemples puisés dans les « affaires » mettant en
cause nos politiques ? Nous avons le débauché qui se vautre dans la
luxure : ne souhaiterait-il pas faire des lois libéralisant la
prostitution et permettant de rouvrir les maisons closes ? Et ce ministre,
fraudeur du fisc et spéculateur, n’en arriverait-il pas, si on le laissait
faire, supprimer les impôts sur la fortune, les taxes sur les capitaux
etc… ? Et si ceux qui aiment l’argent au point de le considérer comme
ayant un lieu naturel dans leur portefeuille voulaient nommer des juges
corrompus et libéraux avec ceux qui « tapent dans la caisse » et les
escrocs ?
D’ailleurs ce sont ces gens-là qui se considèrent en
toute bonne foi innocents ; « François
Fillon, plus on fouille plus on sent la corruption, la triche, ce sont des
bonshommes qui nous expliquent qu’il faut la rigueur, l’austérité alors qu’ils
piquent dans les caisses », s’écrie Philippe Poutou, lors du débat des
candidats à l’élection présidentielle.
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(1) Lire ici (au début à partir de 571a) cette description
de l’homme tyrannique
http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/platon/rep9.htm
(2) Sade – « Français encore un effort si vous voulez être républicains ! » Adresse aux français inséré dans la Philosophie dans le boudoir (à lire ici)
(2) Sade – « Français encore un effort si vous voulez être républicains ! » Adresse aux français inséré dans la Philosophie dans le boudoir (à lire ici)
1 comment:
la passion du tyran
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