...un enfant qui joue dans un chemin et qui ne veut
pas interrompre son jeu pour laisser passer une charrette, fait par dépit et
par mutinerie ce qu'un homme ne fait point par raison
Fénelon
– Dialogue des morts, dial. 19
L’homme
de Tian’anmen (1989) (1)
L’acte de cet homme inconnu qui par son courage tranquille
arête une colonne blindée chargée de disperser les manifestants dépasse l’imaginable,
du moins tant qu’on le prend comme acte raisonné. Ce qu’il faut de courage pour
se planter devant une colonne blindée dont l’avance inexorable menace d’écraser
tout ce qui s’oppose à sa progression dépasse l’entendement.
Au point que Fontenelle déjà prenait cette situation comme
indice de l’inconscience ; mais en même temps il mesurait aussi le pouvoir
d’une telle « mutinerie ». De même que le lourd charroi attelé de
bœufs va s’arrêter parce que le petit enfant est assis au milieu de la
chaussée, le convoi blindé stoppe net à deux
mètres de l’homme sans arme qui est là – simplement planté sur ses deux
jambes au milieu de l’avenue.
De Fontenelle à Tien’Anmen, le saisissement est le même et
il n’a pas besoin de paroles : c’est la disproportion des forces qui sont
entrain de renverser le rapport : la faiblesse du plus faible devient une
arme très puissante, qui relève non du respect du courage, mais de la
sidération qui paralyse l’action.
Alors, si aujourd’hui un siècle après on ne peut oublier les
actes de rébellion de 1917 on doit pourtant s’étonner d’encore autre chose :
comment se fait-il que ces actes de refus et de rébellion n’aient pas eu le
retentissement qu’au l’homme de Tien’Anmen ?
Parce qu’il n’y a pas eu d’images ? Ou bien parce que
ces hommes refusaient de sacrifier inutilement leur vie ?
1 comment:
super point de vue sur les évenements qui se passe se passe pas
merci , je saurai m'en souvenir lors de ma réécriture d'un chapitre de mon roman 1
à bientôt..
françoise
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