Qu’un géant et un nain marchent sur la même route, chaque
pas qu’ils feront l’un et l’autre donnera un nouvel avantage au géant
Rousseau,
Discours sur l’origine et les fondements
de inégalité parmi les hommes, 1° partie (Lire en annexe le texte cité)
Au fond une image telle que celle-ci prouve à l’évidence que
Rousseau est passé à côté de quelque chose : voulant prouver que les
inégalités entre les hommes sont moins grande dans l’état de nature qu’entre
les animaux, il a oublié de dire que pour éviter ces inégalités, il suffit de
mette le lièvre sur un autre route que celle empruntée par la tortue.
Oui, admettons : la justice sociale c’est que chacun
concoure dans sa catégorie : le lièvre avec les lièvres et les tortues avec
les tortues.
Reste quand même un problème : c’est que, dans la concurrence
que se livrent les partenaires sociaux, toutes les compétitions visent le même
but : l’argent et surtout le profit. Or, il peut se faire que toutes ces
courses n’aient pas le même prix pour récompense. Je veux dire que la tortue
qui gagne la course des tortues aura peut-être une feuille de laitue pour
récompense, alors que le lièvre vainqueur aura droit aux faveurs de la reine
des clapiers.
La justice sociale devrait donc s’emparer de ce sujet :
on dit « à travail égal le salaire doit être égal », et on croit cela
facile. Mais, qu’est-ce donc que le « travail égal » ? Celui qui
occupe du matin au soir ? Ou bien celui qui assure une vie dont les
besoins vitaux seront satisfaits ?
Oui, selon que je construis des maison ou que je fabrique
des logiciels, mon salaire ne sera pas le même, alors que le temps de travail
et les besoins de chacun seront les mêmes. A travail égal, salaire inégal.
Que la tortue coure avec les tortues et non avec les
lièvres, ça va de soi. Mais ne l’oublions pas : ce qui compte, c’est le
prix à gagner. Même La Fontaine s’en désintéresse : « On mit près du but les enjeux : / Savoir
quoi, ce n'est pas l'affaire »
Mais si, c’est cela l’affaire !
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Annexe
Rousseau Discours sur
l’origine et les fondements de inégalité parmi les hommes, 1° partie
« En effet, il est aisé de voir qu’entre les différences qui
distinguent les hommes, plusieurs passent pour naturelles qui sont uniquement
l’ouvrage de l’habitude et des divers genres de vie que les hommes adoptent
dans la société. Ainsi, un tempérament robuste ou délicat, la force ou la
faiblesse qui en dépendent, viennent souvent plus de la manière dure ou
efféminée dont on a été élevé, que de la constitution primitive des corps. Il
en est de même des forces de l’esprit, et non seulement l’éducation met de la
différence entre les esprits cultivés et ceux qui ne le sont pas, mais elle
augmente celle qui se trouve entre les premiers à proportion de la culture ;
car qu’un géant et un nain marchent sur la même route, chaque pas qu’ils feront
l’un et l’autre donnera un nouvel avantage au géant. Or, si l’on compare la
diversité prodigieuse d’éducations et de genres de vie qui règne dans les
différents ordres de l’état civil avec la simplicité et l’uniformité de la vie
animale et sauvage, où tous se nourrissent des mêmes aliments, vivent de la
même manière, et font exactement les mêmes choses, on comprendra combien la
différence d’homme à homme doit être moindre dans l’état de nature que dans
celui de société, et combien l’inégalité naturelle doit augmenter dans l’espèce
humaine par l’inégalité d’institution. »
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