De tous les
animaux qui s'élèvent dans l'air, / / Qui marchent sur la terre, ou nagent dans
la mer, De Paris au Pérou, du Japon jusqu'à Rome, / Le plus sot animal, à mon
avis, c'est l'homme.
Boileau – Satire
- La sottise
dénote, traduit une absence d'intelligence, de jugement, de bon sens.
CNTRL
On reconnaît
dans ce jugement de Boileau l’esprit de la satire qui attaque son objet
(ici : l’homme) par le point le plus sensible, c’est à dire par l’intelligence
dont nous nous faisons orgueil.
Oui, mesdames
et messieurs, arrêtez de vous croire très intelligents, du moins plus que votre
chien-chien ou que le bœuf dont vous avez dévoré la côte à midi. Ne vous croyez
pas très malin simplement parce que vous possédez le pouvoir de contraindre ces
pauvres bêtes à ployer sous votre joug. Etes-vous le plus fort simplement parce
que, d’un claquement de doigt le cochon de votre étable va passer de vie à
trépas ? Mais alors que dire du virus qui sans crier « Gare ! »
vous met sur le flanc – quand ce n’est pas une mise à mort en règle ?
D’ailleurs si vous parvenez à vous débarrassez des microbes, ce n’est pas à
votre intelligence que vous le devez mais à la Nature qui a donné à certains
champignons un pouvoir antibiotique.
Non ces
pouvoirs ne sont pas suffisants pour attribuer à l’espèce humaine la
supériorité sur les autres espèces ; c’est ce que les débats
anti-spécistes actuels rappellent fortement.
o-o-o
Mais
alors : qu’est-ce qui caractérise l’homme, si ce n’est pas
l’intelligence ?
Lisons
Kant : « Posséder le Je dans sa
représentation : ce pouvoir élève l’homme infiniment au-dessus de tous les
autres êtres vivants sur terre. Par-là, il est une personne ; et grâce à
l’unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il
est une seule et même personne, c’est-à-dire un être entièrement différent, par
le rang et la dignité, de choses comme le sont les animaux sans raison, dont on
peut disposer à sa guise » (Anthropologie du point de vue pragmatique.
– Lire ici)
Loin de la toute-puissance,
loin de toute filiation divine, l’homme s’intériorise et se caractérise par la conscience
de soi. Et tant pis si certains scientifiques nous font part d’expériences où l’on
voit des singes se reconnaitre dans un miroir, car le philosophe voudra qu’on lui
prouve que c’est d’abord dans la pensée que cette représentation s’élabore. Et
là, il est très malin, le Philosophe : car il sait bien que personne ne pourra
prouver à quiconque qu’il possède bien une conscience et donc qu’il n’est pas
un robot.
D’ailleurs
chacun ici est familier de ces tests (imaginés par Turing) qui sont
susceptibles de prouver que vous n’êtes pas un robot :
Voilà donc à
quoi on arrive : nos rivales ce ne sont pas les bêtes ; ce sont les
machines.
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