Monday, November 27, 2017

Citation du 28 novembre 2017

Il [Socrate] disait que (…) plus réduits étaient ses besoins, plus il était proche des dieux.
Diogène Laërce – Vies et doctrines des philosophes illustres (Livre II, § 27)

Consommation II
Qu’est-ce que vivre ? Je veux dire : qu’est-ce que c’est que cette existence dont on attend qu’elle soit plus qu’une série de phénomènes biologiques ? Qu’elle soit plus « bios » que seulement « zoé » ? (1)
Cette question n’est en général pas posée, parce qu’autrefois, notre société, notre civilisation même la résolvait pour nous. Faire une carrière admirée de tous, fonder une famille harmonieuse et féconde, jouir d’un prestige quelconque : voilà ce qui donne à la vie son prix.
Dans le même temps étaient dépréciés les soucis liés à la sphère des besoins vitaux, ceux du corps qui exigent d’être satisfaits chaque jour de la même façon, sorte d’absurde roue sans fin.
On aura reconnu l’origine de la caractéristique du sage : être capable de vivre de si peu que la recherche des moyens de satisfaire les besoins vitaux se trouve réduite au maximum, laissant à l’étude et aux exercices spirituels le meilleur du temps.
Seulement voilà : nous sommes à l’opposé de ce genre d’attitude. Nous sommes prisonniers de la sphère de bios, à satisfaire nos besoins corporels qui n’apportent de véritable satisfaction qu’au ventre – voire même au bas ventre.
Comment pouvons-nous supporter pareille chose ? Espérer toute la journée de nous retrouver ainsi à l’heure du repas :



Mais ce n’est pas tout à fait vrai : en allant au-delà des besoins vitaux, nous n’écoutons que leur variante qui fait du besoin un désir, du plaisir de leur satisfaction une jouissance : fini le gavage des porcs : place aux banquets des Dieux ! Raffinons nos repas, faisons assaut de science dans la gastronomie !
Socrate n’imaginait sans doute pas qu’on puisse mettre du raffinement dans son assiette. Il n’était qu'un rustre qui ne savait que se nourrir et rien d’autre. Mais, même à son époque on connaissait déjà tous ces raffinements et les Dieux de l’Olympe banquetaient joyeusement, ils se gavaient d’ambroisie et s’enivraient de d’hydromel…
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(1) Les Grecs n’avaient pas un terme unique pour exprimer ce que nous entendons par le mot vie. Ils utilisaient deux termes sémantiquement et morphologiquement distincts :
            - Zoé ou zoï (ζωή), qui exprimait le simple fait de vivre commun à tous les êtres animés (animaux, hommes ou dieux).
            - Bios (βίος) signifiait la forme ou la manière de vivre propre d’un être singulier ou d’un groupe (vivant, mais indifféremment animé ou non). (Art. Wki)
Pour un développement voir ceci.

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