Un homme d'esprit de ma connaissance voudrait qu'on étudiât
et qu'on enseignât l'histoire à rebours, c'est-à-dire en commençant par notre
temps et remontant de là aux siècles passés; cette idée me paraît très juste et
très philosophique.
D’Alembert
– Mélanges littéraires
Certains considéreront peut-être que cette idée ne vient pas
d’un « homme d’esprit », mais plutôt d’un paresseux qui, se disant
qu’apprendre l’histoire est bien fatiguant, voudra en limiter l’effort à ce
qu’il est nécessaire de savoir pour comprendre l’imbroglio des affaires du
monde actuel. Par exemple : comment comprendre la situation au moyen
orient ? Essayons de remonter à la création des états lors de la
« restructuration » de la région après 1918, ou encore aux raisons de
l’apparition de l’Etat d’Israël, et puis ajoutons-y le rôle croissant de
l’économie pétrolière, le poids des courants religieux etc. Mais, ignorons
superbement ce qui se passe dans le même temps en Extrême-Orient : on
verra ça plus tard – si nécessaire.
Il faut remarquer que d’Alembert n’a pas entièrement tort
quand il la qualifie d’idée philosophique,
car après tout l’histoire a bien aussi pour mission de donner à connaitre le passé en tant que cause des évènements actuels
qui en sont l’effet ; tout juste devrait-on regretter d’ignorer le
contexte antérieur au point de départ choisi. Mais n’oublions quand même pas
que l’histoire scientifique récuse la prétention à connaître l’origine première
des évènements. Cela c’est l’affaire des mythes pas celle de l’historien.
La question à poser est alors : en procédant à rebours
du temps, que perd-on réellement ? Pas l’emboitement des évènements
suivant l’axe du temps, puisqu’une fois choisi celui-ci on peut le redescendre du passé au présent (1). Mais on aura peut-être de la difficulté à bien comprendre comment
interviennent des évènements extérieurs à cet axe, comme par exemple ceux qui,
venus d’autres aires géographiques pourraient peu à peu interférer avec
l’évènement étudié. Voyons comment la montée du nazisme et la guerre qui en découle
trouvent leur origine dans le Traité de Versailles. Et puis ajoutons quand même
l’URSS et Staline – et donc la Révolution bolchevique et ce qui s’ensuivit.
Mais voici le Japon qui entre dans la danse, et qui va constituer avec
l’Allemagne l’Axe Rome-Berlin-Tokyo. – C’est vrai : n’oublions pas qu’avant
l’Allemagne hitlérienne, Mussolini inventa le fascisme en formant le projet de redonner
à l’Italie la grandeur de l’Empire romain.
On est donc arrivé sur une période au moins à montrer que
l’histoire généalogique est en réalité l’histoire tout court – ou plutôt
« toute longue » car aucun détour n’est permis tant la réalité est
complexe. Et qu’on ne suggère pas que cette époque est vraiment particulière,
car on s’aperçoit que la mondialisation actuelle ne nous permet toujours pas
d’en faire l’économie.
… Et pour ceux que ça intéresse, il n’est que de lire les Mémoires de Philippe de Commynes pour
constater que la complexité mettant en jeu une part importante du monde connu
n’est pas vraiment une nouveauté.
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On peut songer à la présentation de ces Blogs dont celui-ci est un exemple : on y va du Post actuel vers les plus anciens et du coup le temps s'y représente à rebours. Mais rien n'interdit de parcourir en sens inverse. C'est moins naturel, voilà tout.
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On peut songer à la présentation de ces Blogs dont celui-ci est un exemple : on y va du Post actuel vers les plus anciens et du coup le temps s'y représente à rebours. Mais rien n'interdit de parcourir en sens inverse. C'est moins naturel, voilà tout.
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