Notre monde parviendra un jour à un raffinement tel qu'il
sera aussi ridicule de croire en Dieu qu'aujourd'hui de croire aux fantômes.
Georg
Christoph Lichtenberg – Aphorismes
J’avoue avoir un peu de mal à comprendre en quel sens
l’athéisme, serait considéré comme un raffinement de la pensée, sauf à prendre
au sérieux l’expression « esprit
fort »
Mais restons au niveau de la vision qui nous est proposée de
la foi. Car c’est bien d’elle qu’il s’agit ici et c’est elle qui est stigmatisée
comme superstition craintive qui s’affole aux tremblements des feuilles dans la
forêt à minuit.
Oui, la superstition qui fait craindre qu’un mot défendu,
une pensée impure, l’oubli d’une génuflexion, produisent d’horribles
catastrophes – c’est elle qui ressemble à s’y méprendre à ces effrois dont même
les enfants s’amusent à Halloween.
La crainte de Dieu caractérise-t-elle effectivement la
foi ? Ou bien s’agit-il d’une réaction marquée par le temps et par
l’histoire, qui ferait que tel sentiment religieux à telle époque deviendrait
ridicule aux générations suivantes ? Comme la crainte de Dieu jugée
superstitieuse aujourd’hui.
La fureur de l’épiscopat quand la fête d’Halloween entra
dans nos habitudes (avant d’en ressortir tout aussi vite), s’expliquait non par
le blasphème à l’encontre d’une foi profonde dans l’âme du fidèle, mais au
contraire par son caractère profane et mercantile.
Mais qu’on écoute un Dies
irae (1) et on verra que le frisson n’est pas qu’une réaction
superficielle. Et si ça ne suffit pas, qu’on se documente à propos des
chapelles rayonnantes autour de l’abside des églises du temps jadis :
elles permettaient la célébration simultanée de messes multiples pour demander
le repos de l’âme des défunts. Des dizaines d’officiants opéraient en même
temps, empochant de fortes sommes d’argent dont les héritiers abreuvaient
l’église pour satisfaire aux vœux des moribonds terrorisée par la proximité des
portes de l’enfer.
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(1) Celui du requiem de Verdi fera très bien l’affaire (à
écouter ici)
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