De nos jours, pour vendre un produit, il faut en offrir
deux. Nous étions passés d’une société de consommation à une société de double
consommation.
David
Foenkinos – Le Potentiel érotique de ma Femme
Consommation I
Le Black-Friday, jour de promotions commerciales dans toutes les boutiques sur tout le territoire et dans tous les sites d’achat en ligne, constitue un phénomène remarquable : c’est le jour où consommer ne suffit plus – il faut « surconsommer ».
Le Black-Friday, jour de promotions commerciales dans toutes les boutiques sur tout le territoire et dans tous les sites d’achat en ligne, constitue un phénomène remarquable : c’est le jour où consommer ne suffit plus – il faut « surconsommer ».
Inutile de se lamenter, d’incriminer une société corrompue,
ou l’influence des américains d’où nous vient la coutume de cette opération
commerciale. Pour que ça prenne chez nous, il faut bien que nous en soyons
complice
– Complice ? Oui, mais comment ?
David Foenkinos, faute d’analyser la surconsommation,
explique la double-consommation :
c’est déjà ça ! Il s’agit simplement de la possibilité pour le
consommateur d’avoir un rabais, une ristourne, une remise, du discount,
etc. : qu’importe de quel montant il s’agit, l’essentiel est de payer moins
que le juste prix. La caricature de cette tendance est figurée par l’acheteuse
du premier jour des soldes qui achète non en fonction de ses besoins, mais en
fonction du rabais. Que lui importe si
les vêtements qu’elle fourre dans sa valise soient à sa taille et qu’ils lui
plaisent ? Il suffit de pouvoir prouver qu’ils sont à – 50% du prix normal
et après elle n’a plus qu’à chercher avec qui échanger le produit.
Car c’est cela qui se dégage du succès du black-Friday :
ce que nous achetons, ce n’est pas le produit, mais son prix. « –
20% : je laisse ».
« -50% : j’achète ! »
Ceci nous permet alors de dissiper une bizarrerie de
l’opération. Le naïf dirait par exemple : pour consommer, il faut avoir
des besoins. Quand on « sur »-consomme, on va au-delà des besoins. Or
à moins de fourrer directement à la poubelle le contenu de son panier, comment
peut-on aller au-delà du consommable ?
Donc que ce que nous consommons, ce ne sont pas des
marchandises, mais leur prix.
Bof… On passe d’une absurdité à une autre : car comment
consommer des prix ? Ça ne se mange pas, quand même ! Mais si, les
prix ça se consomme : il suffit de les afficher bien en vue lors de
l’exhibition de la marchandise devant les parents et les amis.
Et où donc procéder à cette exposition ? Au pied du
sapin, peut-être ?
Bingo ! Vous avez tout compris : le black-Friday
tombe juste un mois avant noël, et donc tous ces achat pourront être mis bien
en évidence lors de l’échange des cadeaux. Il y aura alors ceux qui ont payé
les leurs au prix fort et les autres, qui sont des petits malins.
Des grincheux font encore grise mine :
- Admettons. Mais alors le black-Friday ne sert qu’à acheter
des cadeaux et pas à s’équiper ou à remplacer la machine à laver ?
- Bien sûr que si ! Mais alors faites-vous à vous-même
ce cadeau inespéré : remplacer votre vieux Tornado par un Dyson flambant
neuf.
Quelle chance !!
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