Les mouvements totalitaires sont des organisations massives
d’individus atomisés et isolés.
Hannah
Arendt – Les Origines du totalitarisme : le système totalitaire
Une tentation courante aujourd’hui est de voir dans les « Réseaux
sociaux » une forme de tyrannie, un despotisme qui n’aurait rien à envier
aux régimes fascistes ; on leur attribue même le pouvoir de se constituer
en « faschosphère ». On ne
mesure peut-être pas la différence qui existe entre cette conception de l’excès
de pouvoir de la multitude qui se constitue en horde sur le Net et celui d’un
despote :
- celui-ci
s’efforce de maintenir une relation individuelle (menaçante puis violente) avec
chacun et en excluant toute relation « horizontale » entre les sujets.
Un peu comme ça :
François,
le berger aux 2000 brebis (vu ici)
- En
revanche, chaque « ami » Facebook est une caisse de résonance pour
tous ceux qui constituent son réseau : d’un côté, l’isolement, de l’autre
la fusion. L’image qui s’impose alors est celle d’un banc de sardines
Ce qui trouble, avec les réseaux sociaux, c’est justement
que ce troupeau n’ait pas de berger. Du coup les complotistes s’en donnent à
cœur-joie : voyez, disent-ils, comme la naïveté du public est grande. On
va jusqu’à ignorer les lobbyistes qui
influencent tous ces gens en restant en coulisse ! On croit
interagir : en fait on ne fait que suivre la masse qui elle-même suit un
chef invisible.
Alors : les réseaux-sociaux seraient-ils des lieux d’où
l’on manipulerait les gens en tirant les ficelles de ces pauvres marionnettes
stupidement fières de leur indépendance illusoire ? Ou bien au contraire
seraient-ils la substance de la démocratie 2.0 ?
Quoiqu’il en soit, je retiens que de toute façon, qu’on
obéisse à un chef ou qu’on suive la masse, c’est tout pareil.
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