Vous avez raison. Il faut s’aimer, et puis il faut se le
dire, et puis il faut se l’écrire, et puis il faut se baiser sur la bouche, sur
les yeux et ailleurs.
Victor
Hugo, à Juliette Drouet, le 7 mars 1833
Juliette Drouet by
Alphonse-Léon Noël, 1832
Oui, cette lettre de Victor Hugo adressée à Juliette Drouet
a tout ce qu’il faut pour se réchauffer le cœur en ces temps de frimas.
D’ailleurs il n’est que de lire cet extrait (cf. infra) pour comprendre que
Victor s’échauffait lui-même tout en écrivant ce billet qu’il concluait par
cette exclamation : « Baisez-moi,
belle Juju ! ».
Mais permettez qu’on retienne de la lettre de Victor Hugo
autre chose, qui est cette progression qu’il introduit dans le comportement
amoureux. Car enfin, quand on est amoureux que se passe-t-il ? On
dira : Ça dépend selon qu’on est avec ou sans l’objet aimé.
Pas du tout ! Vous n’y êtes pas du tout. Il fau, qu’on
soit proche ou lointain, respecter une phase liminaire qui est celle du
langage : Il faut s’aimer, et puis
il faut se le dire, et puis il faut se l’écrire.
- S’aimer passe d’abord par les mots et puis par les
phrases. D’ailleurs, rien ne dit que le passage du langage verbal au langage
écrit dépende de l’éloignement. On peut parfaitement écrire à sa voisine qu’on l’aime,
parce qu’alors on dira les choses autrement. Relisez encore une fois le billet
de Victor Hugo en annexe : croyez-vous qu’il aurait pris la peine de
développer sa comparaison entre la Bien-aimée et le soleil ? Vous même, ça
ne vous arrive pas d’envoyer à votre Dulcinée un petit SMS « bisou-dans-le-cou » ?
- Mais ensuite, l’amour passe par des rencontres du corps
avec le corps. Et c’est par les baisers que ça se produit. En admettant qu’il y
ait une progression, l’amour après s’être dit, peut se vivre par le baiser,
d’abord sur le visage (la bouche, les yeux), puis sur le reste du corps. La
bouche et les yeux ayant des fonctions symboliques, je renvoie à l’abondante
littérature du baiser qu’on trouvera ici même pour l’exégèse du lieu du baiser.
Et nulle exégèse supplémentaire n’est nécessaire pour imaginer les autres
endroits où déposer un baiser qu’on on est avec la femme qu’on désire.
Mais reste quand même l’essentiel : c’est
que l’amour est échange, un baiser donné pour mille de rendu « Baisez-moi, belle Juju ! »
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« Je vous aime, mon pauvre ange, vous le
savez bien, et pourtant vous voulez que je vous l’écrive. Vous avez raison.
Il faut s’aimer, et puis il faut se le dire, et puis il faut se l’écrire, et puis il faut se baiser sur la bouche, sur les yeux, et ailleurs. Vous êtes ma Juliette bien-aimée.
Quand je suis triste, je pense à vous, comme l’hiver on pense au soleil, et quand je suis gai, je pense à vous, comme en plein soleil on pense à l’ombre. Vous voyez bien, Juliette, que je vous aime de toute mon âme.
Vous avez l’air jeune comme une enfant, et l’air sage comme une mère, aussi je vous enveloppe de tous ces amours à la fois.
Baisez-moi, belle Juju ! » - Victor Hugo , à Juliette Drouet, le 7 mars 1833
Il faut s’aimer, et puis il faut se le dire, et puis il faut se l’écrire, et puis il faut se baiser sur la bouche, sur les yeux, et ailleurs. Vous êtes ma Juliette bien-aimée.
Quand je suis triste, je pense à vous, comme l’hiver on pense au soleil, et quand je suis gai, je pense à vous, comme en plein soleil on pense à l’ombre. Vous voyez bien, Juliette, que je vous aime de toute mon âme.
Vous avez l’air jeune comme une enfant, et l’air sage comme une mère, aussi je vous enveloppe de tous ces amours à la fois.
Baisez-moi, belle Juju ! » - Victor Hugo , à Juliette Drouet, le 7 mars 1833
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