Wednesday, November 15, 2017

Citation du 16 novembre 2017

… Tirer la langue à un photographe qui s'attend sûrement à une pose plus solennelle, cela signifie que l'on refuse de se prêter au jeu de la représentation, que l'on se refuse à livrer une image de soi conforme aux règles du genre. 
Albert Einstein, lors de son 72ème anniversaire.


© Arthur Sasse

Cette image célébrissime a été prise le 14 mars 1951, 72e anniversaire d'Albert Einstein, par le photographe Arthur Sasse qui lui demandait, avec insistance mais en vain, de sourire. Voici ce qu’en dit Einstein lui-même : « Cette pose révèle bien mon comportement. J'ai toujours eu de la difficulté à accepter l'autorité, et ici, tirer la langue à un photographe qui s'attend sûrement à une pose plus solennelle, cela signifie que l'on refuse de se prêter au jeu de la représentation, que l'on se refuse à livrer une image de soi conforme aux règles du genre. »
o-o-o
Devant la notoriété de cette image devenue l’une des plus célèbre du célèbre physicien, on serait tenté de hausser les épaules : « Voilà bien la futilité du public, prêt à admirer ce qui l’étonne simplement parce que c’est inattendu. » ; après tout c’est bien ce qu’Einstein lui-même déclare en affirmant avoir voulu se dérober à une obligation qui lui était faite.
- Une première remarque, donc : l’inventeur de la théorie de la Relativité qui a ouvert des horizons qui restaient obstinément bouchés aux autres savants respectueux des leçons de leurs maitres est par nature un rebelle sans quoi il n’aurait jamais osé « renverser la table » comme on dit familièrement. Certains disent même que, malgré leurs grandes qualités intellectuelles les chercheurs chinois n’auraient pas cette faculté de découverte en raison de l’influence du confucianisme qui leur impose le respect des anciens…
- Il y a aussi une autre raison qui nourrit l’étonnement devant cette image : c’est la distorsion entre l’extraordinaire complexité des découvertes d’Albert Einstein et le côté enfantin de sa pose. Un peu comme la représentation de Mozart qui nous le montre comme un être immature voire même grossier – alors que dans le même temps, il compose de sublimes arias qui planent au milieu les anges (on se rappelle que c’était l’un des thèmes d’Amadeus, le film de Milos Forman – Voir la bande annonce ici).

C’est qu’on exige que l’homme soit d’une seule pièce, que s’il est génial, il soit de part en part génial, qui boive, mange, défèque comme un génie.

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