Le journaliste est un interprète de la curiosité publique.
Bernard
Pivot / Le Métier de lire
En pays démocratique les journalistes sont protégés par la
loi et leur emprisonnement est toujours l’indice d’un virage autoritaire du
pouvoir.
Mais on pourrait demander pourquoi cette protection des
journalistes est-elle si essentielle ? Que perdait la démocratie en
perdant la libre information, liée au libre exercice de la profession de
journaliste ?
La réponse est simple : les journalistes sont protégés
parce qu’ils doivent satisfaire à un besoin fondamental des citoyens :
celui d’être informés.
Quel est donc ce besoin ? En quoi est-il
fondamental ? Faut-il voir en lui une expression des droits de l’homme et
du citoyen ? Certes, pour agir politiquement, le citoyen a besoin d’être
informé et on doit le mettre en mesure de comprendre l’information. Le journal
est donc de ce point de vue aussi essentiel que l’Ecole qui apprend à lire et à
analyser l’information.
Mais est-ce bien cela que le peuple réclame ?
Et déjà : qu’est-ce que l’information ? Sans
entrer dans des détails qui n’auraient pas lieu ici, on peut rappeler la
définition de Shannon : l’information est proportionnelle à son
improbabilité ; à la limite, une « nouvelle » n’est une information
que lorsqu’on en prend connaissance la première fois. Les chaines d’info en
boucle sont de ce point de vue tout à fait inutiles pour qui les regarderait
plus de 5 minutes.
Maintenant Bernard Pivot nous invite à considérer ce besoin
de nouveauté comme étant l’effet d’une curiosité.
Maurice Barrès fait l’éloge de la curiosité « La curiosité! C'est la source du monde, elle
le crée continuellement; par elle naissent la science et l'amour... J'ai vu
avec chagrin un petit livre pour les enfants où la curiosité était blâmée... ».
En lisant cela on songe à l’éloge de l’étonnement qui, selon
Descartes, pousse à la recherche insatiable de la vérité. Sans curiosité, ce
n’est pas seulement la vie politique qui viendrait à s’éteindre, mais aussi la
science... et l’amour ( ?)
Le CNTRL signale en 1268 une première occurrence du terme
curiosité comme étant : « désir
d'apprendre des choses obscures sans nécessité ».
Au fond, la curiosité est source de plaisir, mais il lui
arrive d’être peu exigeante vis-à-vis de ce qui va lui apporter cette
satisfaction.
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