Pour moi le plus grand supplice serait d'être seul au paradis.
Goethe
L’enfer, c’est les autres
Sartre
Un débat entre deux citations, ça vous dit ?
Ohoh… J’en vois qui ne sont pas d’accord ? Ils ont l’esprit très mal tourné : ils disent qu’il n’y a pas débat, que Goethe et Sartre sont d’accord, parce que, qu’on soit seul ou qu’on soit accompagné, de toute façon la vie est infernale et le paradis est une fiction cynique. En voilà des façons !
Quoique… Supposez que vous vous retrouvez au Paradis avec votre Percepteur, votre belle-sœur, le président d’un parti d’extrême droite, que sais-je encore ? Sartre dans Huis clos, radicalisait même : ses héros sont aux enfers, enfermés avec des gens qu’ils ne connaissent pas, qu’ils n’ont même aucune raison de haïr ; et ils se haïssent pourtant. Soyons donc seuls et nous serons au Paradis ?
Nous avons déjà envisagé la chose (voir commentaire du 2 juin). Au lieu de revenir là dessus supposons que Goethe nous dise : « Pour moi le plus grand supplice serait d'être (seul ou accompagné : peu importe) au paradis. ». Qu’est-ce que ça y change, qu’on soit avec les autres ? C’est le Paradis qui est insupportable ! du moins le Paradis perdu. Celui-là on n’a pas envie d’y retourner ! Kant n’arrête pas de vitupérer contre cette fiction d’un lieu où l’homme (et la femme) vivraient sans jamais travailler (donc à toujours contempler leur nombril (1)) ; où l’harmonie et la bonne entente leur éviterait les efforts pour se dépasser eux-mêmes en dépassant les autres, bref : de parfaits imbéciles comme le furent les « bergers d’Arcadie ». Quant à Valéry il imaginait Socrate au Paradis (celui de grecs : les Champs élyséens) ; il s’ennuie à mourir ; et il est immortel.
Bref : le Paradis : quel Enfer !
(1) A prendre au sens imagé.
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