Rien de trop est un point / Dont on parle sans cesse et qu'on n'observe point.
La Fontaine – Rien de trop – Fable Livre IX
Jean de La Fontaine, notre contemporain – 3
Rien de trop… La devise du temple de Delphes a largement inspiré La Fontaine.
Ici comme avant-hier, je ne comprends pas qu’on ne cite pas plus souvent notre fabuliste, tant son message est actuel.
Un petit abstract pour les paresseux qui n’auraient pas le courage de lire cette fable.
- Il s’agit de décrire les désordres occasionnés par le déséquilibre dans le milieu écologique. Que l’on sème trop de blé, et voici les guérets envahis ; que l’on plante trop d’arbres, et les voici qui s’étiolent. Espère-t-on corriger ces excès en introduisant d’autres niches écologiques ? Les moutons qui vont paître dans les champs par exemple ? Oui, mais ils détruisent tout sans connaître de limite. Seuls les loups peuvent mettre un terme à leurs dégâts, mais en se laissant aller à croquer le troupeau entier. Et voilà les hommes qui partent en battue contre les loups, et surtout, qui ne sauront s’arrêter qu’ils n’aient éradiqué toute l’espèce.
C’est que la nature ne peut exister que dans un équilibre écologique rigoureux. Le moindre excès en engendre d’autres et au lieu de se corriger pour retrouver son assiette, il s’amplifie. Mais c’est l’homme amplifie ce mouvement, et c’est lui qui le relance par son avidité de profit.
- Si l’espèce humaine est source de désordre par son avidité, nous savons aujourd’hui que ce n’est pas seulement dans le milieu naturel qu’elle fait des dégâts : on n’observe pas plus la juste mesure dans la finance que dans la nature – et de surcroît on est dans les deux cas totalement incapable d’y porter remède : rappelons-nous la stérilité du G20 et celle de la conférence de Copenhague.
Pour comprendre ce qui se passe, il suffit de jeter un coup d’œil sur la date de la publication de cette fable : 1678. Ce qui était déjà déploré à cette époque n’a jamais été corrigé depuis. Comment espérer que ce soit fait aujourd’hui ? Et comment ne pas croire qu’il y ait là une donnée profondément enracinée dans la nature humaine ? Dans son ADN comme on dit aujourd’hui.
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