La liberté consiste à faire tout ce que permet la longueur de la chaîne.
Cavanna - 4 rue Choron
[L’homme orgueilleux] s'estime libre quand il cesse de sentir la pression de ses chaînes du fait d'une longue accoutumance. S'il souffre encore, ce n'est plus que de ses chaînes nouvelles : - le "libre arbitre" ne veut proprement rien dire d'autre que ne pas sentir ses nouvelles chaînes.
Nietzsche (Lire l’extrait ici)
Nietzsche et le libre-arbitre 2
Je reconnais que Nietzsche en dit un peu plus que Cavanna ; mais j’ai quand même un faible pour sa formule : « tout ce que permet la longueur de la chaîne », c’est parlant.
Nietzsche ajoute en effet quelque chose qu’on pourrait résumer comme ça : la liberté n’existe pas ; seule existe la libération.
Reprenons donc le processus :
- D’abord pour Nietzsche la liberté n’est pas d’abord un concept métaphysique, mais un sentiment – ce que disait d’ailleurs aussi Rousseau. Avant de dire en tant qu’homme, ma nature est d’être libre, je dirai que je me sens libre.
- Ensuite, ce sentiment est avant tout différentiel. Je me sens libre non pas quand je fais ce que je veux, mais quand, entre l’instant donné et le suivant, il y a la disparition d’une contrainte.
- Alors certes, être libre c’est agir selon sa volonté, mais ma volonté s’exprime aussi dans ce registre, puisque j’en éprouve l’existence lorsque je ne sens plus la contrainte de la main étrangère qui me pousse d’un côté plutôt que de l’autre.
--> Il y a une expérience véritable d’une véritable liberté : c’est la liberté en acte, qui s’éprouve dans la dépense de la force qui est la mienne, quand je suis donc l’auteur de mes actions.
- Mais la liberté éprouvée seule, de façon passive, peut aussi exister et c’est ce que dit notre citation de Nietzsche : une chaîne de moins sur mes épaules – un maillon de plus pour allonger celle qui m’entrave ; et me voilà libre ! Du moins voilà le sentiment de ma liberté.
Reste que si la liberté est liée à la suppression d’une contrainte elle ne dure – comme sentiment – que le temps pendant le quel s’éprouve cette différence. La libération étant un sentiment différentiel, il faut renouveler l’expérience qui l’a suscitée.
La libération est donc comme la drogue dont on parlait ici récemment : un chose à la quelle il qu’il nous faut sans cesse goûter de nouveau.
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