Confronté à une épreuve, l'homme ne dispose que de trois choix : 1) combattre ; 2) ne rien faire ; 3) fuir.
Henri Laborit – Eloge de la fuite
[Le loup] nous regarde encore, ensuite il se recouche, / Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche, / Et, sans daigner savoir comment il a péri, / Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.
Alfred de Vigny – La mort du Loup
La fuite – 1
Que faire devant une épreuve redoutable ? 1) combattre ; 2) ne rien faire ; 3) fuir. Faut-il convoquer Henri Laborit pour établir une telle banalité ?
Tentons d’établir une hiérarchie entre ces différents procédés.
1 – Courage, fuyons ! La fuite n’est pas seulement une attitude conservatoire (voir l’exemple du voilier confronté à la tempête), mais aussi nous explique Laborit, c’est le meilleur moyen d’éviter le stress.
2 – Combattre quand la fuite est impossible est en effet le second moyen de réagir en face d’une épreuve redoutable, comme nous le montre l’animal acculé qui ne peut plus fuir.
3 – Mais, si la lutte devient inutile, alors il se laissera mourir sans bouger.
--> Que dire d’autre ? Que c’est justement cette dernière possibilité qui surprend le plus : ne rien faire – n’est ce pas tout le contraire d’une solution ? Ne doit-on pas fuir la passivité quelle que soient les circonstances ?
Libre à chacun de refuser une telle attitude – mais rappelons nous la Mort du loup : au moment de mourir il se recouche, lèche le sang répandu sur sa bouche, / Et, sans daigner savoir comment il a péri, / Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.
Voilà le point important : si nous avons résisté à la suggestion de Laborit, c’est que mourir sans combattre, même si ce combat est inutile, même s’il est plus « confortable » de mourir ainsi nous paraît la lâcheté suprême. Mais voilà le correctif qu’il faut ajouter avec Vigny : mourir sans combattre, c’est aussi mépriser ses assassins, c’est leur signifier qu’ils ne sont pas assez importants pour qu’on leur fasse l’aumône d’un geste de défense.
No comments:
Post a Comment