Monday, March 01, 2010

Citation du 2 mars 2010

Si l’on a conçu les hommes « libres », c’est à seule fin qu’ils puissent être jugés et condamnés, afin qu’ils puissent devenir coupables […] Le christianisme est une métaphysique de bourreau !

Nietzsche Le Crépuscule des idoles

[Lire le texte ici]

Nietzsche et le libre-arbitre 1

Chez Nietzsche, ce qui importe ce ne sont pas les concepts mais ce sont les forces qui les annexent à leur profit.

Ainsi, l’important n’est pas tant de savoir si l’homme est libre, mais à qui ça sert de l’affirmer. De là l’étrange impression qu’on a parfois en le lisant de trouver des inconséquences entre ses différents ouvrages : c’est qu’on y parle des mêmes concepts mais pas des mêmes fonctions.

Par exemple, on sait que la volonté est un concept tout à fait central dans sa pensée (la volonté de puissance), ce qui ne l’empêche pas ici de dire que la « théorie de la volonté » n’est qu’une invention barbare pour justifier le châtiment.

L’enchaînement est le suivant : par de responsabilité sans volonté ; pas de volonté sans liberté. La liberté est la caractéristique indispensable du criminel qui est donc : libre, donc volontaire ; volontaire, donc responsable ; responsable, donc coupable ; coupable donc « châtiable ».

Pourquoi est-il si important de châtier ? Parce que la justice (selon Nietzsche), c’est la vengeance – ou pour mieux dire la jouissance offerte aux victimes de faire souffrir le coupable. Mais cette vengeance n’est pas n’importe quelle vengeance : il faut qu’elle soit justifiée par une métaphysique. Le christianisme, avec le péché originel est bon pour ça ; mais d’autres religions feraient tout aussi bien l’affaire.

Mais, n’en doutons pas, la justice ainsi conçue est un luxe dont on sait aussi se passer en cas de besoin. Ainsi Notre-Président qui affirmait il y a quelque temps qu’il fallait juger les fous irresponsables ; ainsi ceux qui s’étonnent à propos du suicide de J-P Trébert qu’on ne puisse juger un mort. Les naïfs disent que ce qu’ils regrettent c’est la vérité qu’on ne saura jamais ; les autres savent que ce qu’ils déplorent, c’est l’impossibilité de châtier cet homme, de le faire souffrir au nom de ses victimes.

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