Pour ma part, je croirai que la prostitution est un
métier comme un autre le jour où les prostitué(e)s – ou les intellectuel(le)s,
il n’y a pas de raison ! – encourageront
leurs filles à pratiquer ce métier.
Nancy Huston – Reflets
dans un œil d’homme (p. 255)
La prostitution est-elle un métier ?
Inutile de dire que je ne pourrai pas instituer un débat
sur ce sujet dans le cadre de ce Post – je pourrais tout au plus tenter de
défricher les abords du problème. Et rappeler que, si l’on s’en tient à la
définition du dictionnaire, un métier est une
occupation, une profession utile à la
société, donnant des moyens d'existence à celui qui l'exerce (TLF). Ce qui
a le mérite de placer tout de suite la question (comme le fait d’ailleurs Nancy
Huston) dans le cadre de la banalité de la prostitution : à la fois utile à la société, et qui a le même
mérite que n’importe quelle autre profession de donner des moyens d’existence.
Pour aller à l’essentiel, une prostituée est une femme
qui permet à autrui d’utiliser son corps comme un ustensile pour son plaisir.
Elle devient le temps de la passe, un objet – et la question est donc :
devenir un objet, cela peut-il être utile (à la société) et bénéfique (pour
celui qui en ferait un métier) ?
- Utile à la société ? En « purgeant » à
bon compte les pulsions hommes ? Hum…
Quand on répond « oui » à cette question, nous les hommes nous
n’avons plus qu’à raser les murs pour cacher notre honte. Evidemment, ça
n’empêche pas qu’on en soit persuadé.
- Bénéfique pour les prostituées qui gagnent la pitance
de leurs enfants (ou qui financent leurs études ou leur drogue comme ça) ?
Dans la mesure où la prostituée se constitue « objet » pour son
client, elle est totalement aliénée – elle devient donc son esclave, et cela au
sens le plus exact du mot (1). Si l’on n’est pas masochiste (2) – et il serait
étonnant que toutes les prostituées le soient – alors dire que ce « métier »,
qui en réalité est un « esclavage à temps partiel », est avantageux
pour qui l’exerce, est pur cynisme.
Alors, oui. La prostitution est un métier dans la mesure
où certains métiers aliènent ceux qui les exercent. Mais si cette aliénation
est en réalité un esclavage, alors c’est absurde : qui donc dirait qu’un
esclave exerce un métier ?
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(1) Les prostituées militantes parlent d’elles-mêmes
comme de « travailleuses du sexe ». Pourquoi des « esclaves du
sexe » ?
(2) Rappelons que Sacher Masoch passait avec sa femme
Wanda des « contrats d’esclavage »
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