C'est une impiété
inepte d'avoir fait du mot con un
terme bas, une injure. Le mépris de la faiblesse ? Mais nous sommes si
heureux qu'elles soient faibles. C'est non seulement le propagateur de la
nature, mais le conciliateur, le vrai fond de la vie sociale pour l'homme.
Michelet – Journal, 1857, p. 331
Courbet – L’origine du monde
Quelques remarques
« sur le con » :
1 – D’abord à
propos de son étrange destin sémantique qui choque Michelet : j’ai par ailleurs
fait observer que le « con » partage le même sort que le
« couillon ». Il ne s’agit pas comme le croit Michelet de faire
injure à la femme (sans quoi pourquoi les couillons ?) mais de déprécier la
passivité de cet organe dans l’acte sexuel. L’injure vise celui qui reste, bras
ballant et bouche béante, sans rien faire là où il faut réagir.
2 – Le con est bien
pour Michelet le propagateur de la nature,
comme il l'est pour Courbet avec son Origine
du monde. Mais il y a des conditions à ça : celle d’être conciliateur. Et pour être conciliateur
– je rappelle qu’on parle bien du sexe féminin – il faut qu’il constitue le
vrai fond social (1).
3 – Si je remonte
la chaine des raisons, je constate que pour Michelet l’origine de ce pouvoir du
sexe féminin est la faiblesse des femmes
(le sexe faible). Là, j’avoue que je ne suis pas sûr de comprendre :
s’agit-il de valoriser la protection virile qu’elles appellent en tant que ce
serait ça le ciment social ? Ou bien suggérer que leur faiblesse n’est que
l’envers de la tendresse maternelle qui unit la société en rapprochant les parents
de leurs enfants? Ou encore que les femmes apportent un peu de paix dans un
monde bouleversé par la violence masculine ?
4 – De toute façon,
comme le disent les femmes des collectifs féministes, c’est à ça que les femmes
on affaire – ça : je veux dire cette image de la femme faible, qui doit
être faible pour être femme.
… Et puis, tant
qu’à faire de parler de con, autant relire Aragon : Le con d’Irène n’est-il
pas un hymne à la féminité ?
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(1) Fond écrit sans
« s » - je n’ai pu vérifier s’il s’agit ou non d’une coquille
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