La diplomatie est l’art de faire durer indéfiniment les
carreaux fêlés !
Charles de Gaulle
Pactes sans sabres, ne sont que palabres. [Covenants, without the sword, are
but words]
Hobbes -
Léviathan,II, XVII (cité le 26 avril 2006)
Ils devaient choisir entre le
déshonneur et la guerre. Ils ont choisi le déshonneur, et ils auront la guerre.
Winston Churchill –
Le Times du 7 novembre 1938
Charles de Gaulle était un soldat et c’est en soldat qu’il
parle de la diplomatie. D’accord en cela avec Hobbes, il considère que la
diplomatie ne peut rien construire de valable et de solide dans les relations
internationales, et – pire encore – qu’elle maintient des situations qu’il
vaudrait mieux voir disparaitre. Mieux vaut casser les carreaux que d’avoir à
supporter indéfiniment leur fêlure.
Qu’est-ce que la diplomatie ? L’art de la représentation des intérêts d’un pays auprès d’un pays
étranger nous dit le dictionnaire. Bien sûr, mais ce que vise le Général
ici, c’est plutôt un art de la négociation, de celles du moins qui pérennisent
une situation de conflit en mettant sous le tapis la crise qui en résulte, sans
rien changer du tout quant au fonds. S’il s’agissait d’éviter la guerre on peut
dire que le gain risque de n’être que momentané, et que les inconvénients des
accords conclus par les diplomates n’empêcheront pas, qu’un jour ou l’autre, se
déclenche une guerre : les carreaux fêlés finiront par voler en éclat sous
l’impact des balles. On peut supposer que de Gaulle visait les accords de
Munich de 1938, mais on a aussi l’exemple de la division de l’Allemagne entre
l’Est et l’Ouest – ou bien aujourd’hui les tentatives d’accord sur les
armements nucléaires avec Téhéran.
Oui, Charles de Gaulle parle en soldat de la diplomatie. Mais
nous, qu’en dirions-nous ? Nous qui n’avons ni tanks, ni avions, ni le bouton
rouge de la force-de-dissuasion : préfèrerions-nous une « bonne
guerre » à un mauvais accord ? Je veux dire : un accord qui
pérenniserait une situation bancale, et non pas un accord qui nous garantit et le déshonneur et la guerre ?
Et quand bien même on risquerait aussi la guerre, mais un
peu plus tard ? Ne serions-nous pas comme madame du Barry suppliant au
pied de l’échafaud : De grâce,
monsieur le bourreau, encore un petit moment. (Voir ici)
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