Ce que j’ai pu faire de plus crétin, je ne le regrette
pas. L’essentiel, c’est de ne pas faire deux fois la même erreur.
Robert Smith,
musicien et chanteur de The Cure (cité dans Télérama n° 3269, p. 16)
Citation destinée à tous les angoissés, tous les
culpabilisés de la planète : trompez-vous, gourez-vous, errez tant que
vous voudrez. La seule erreur à ne pas commettre est de commettre deux fois la
même.
On peut en conclure que ce qui nous disculpe dans
l’erreur, c’est que nous ne savons pas que nous nous trompons. Et c’est même inévitable :
Errare humanum est. Mais si nous
commettons deux fois la même, nous ne pouvons plus faire semblant de ne pas le
savoir : perseverare diabolicum.
Avons-nous autre chose à déclarer ?
Il semble que oui. Car on comprend aussi que si la juste
décision est limitée à une seule occurrence, par contre les décisions erronées
sont légion. Dans le domaine de l’action, comme dans celui de la connaissance,
le champ de l’erreur est illimité. C’est pourquoi on peut se tromper autant
qu’on le voudra sans nous égarer deux fois sur le même chemin.
Cela on le sait depuis bien longtemps – c’est même
un principe de la logique médiévale : la
vérité est unique, mais l’erreur est multiple. Je peux dire 2+2=4. Mais si
je me trompe, je dirai : 2+2=2 ; ou bien : 2+2=3 ; ou
encore : 2+2=3,141592654. Etc…
Alors, il en résulte que si on veut faire preuve
d’originalité ou d’inventivité il vaut mieux se tromper qu’énoncer une vérité.
Et cela a été bien des fois remarqué, d’où une certaine haine de la science et
de la raison chez les esprits forts (dont les surréalistes).
Voilà pourquoi aussi les poètes et les artistes n’ont
rien à faire de la vérité, ce qui les intéresse c’est le sens des choses.
L’erreur est alors seulement d’échouer à produire quelque chose de neuf et de
significatif.
Sauf que, dans ce cas, il peut se faire que l’erreur soit
une faute.
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