Le Maréchal de Richelieu (1)
Bien qu'octogénaire, il eut la témérité de se remarier.
Une princesse lui demandait en riant, le lendemain, comment il avait pu se
tirer d'un pas si difficile. Elle dut se contenter de cette réponse : "Le
plus difficile n'est pas d'en sortir".
Lorédan Larchey –
L'Esprit de tout le monde - Joueurs de mots (1891)
Voilà dimanche : jour de loisir, de repos, de
sourire. Mais jour où nous devons quand même ajouter quelque chose à notre
science pour éviter de perdre notre temps.
Voici la question du jour : comment faire pour qu’un
bon mot devienne un mot d’esprit ?
Eh bien, il suffit de faire en sorte que l’auditeur ait
quelque chose à deviner, à comprendre, à ajouter. Quelque chose qui ne soit pas
bêtement donné, mais qui soit suggéré – et la plus éloignée sera la suggestion,
le plus apprécié sera le mot d’esprit. L’idéal serait même que soit présent le
sot qui ne comprendrait rien à ce qui se dit.
Vérification : supposez donc que le maréchal de
Richelieu, soucieux de se faire bien comprendre ait dit : « le plus
difficile n’est pas d’en sortir… mais d’y entrer ! ». Vous avez
encore le bon mot, mais pas le mot d’esprit.
Bien sûr le pire serait d’expliquer avec le plus de
sérieux possible la situation : « A mon âge, la nuit de noce pose le
problème de l’introduction plus que celui du retrait ».
Ou encore – le pire du pire : « A 80 ans
ma nuit de noce est restée platonique parce que mon vit, vieux, ridé et flaccide n’a jamais pu pénétrer le con de ma femme. » (2)
Tout ce qui fait gagner en clarté fait perdre en participation
de l’auditeur – et donc en comique. Comme le dit la publicité : Ce n’est pas parce que c’est déjà fait qu’il
n’y a rien à faire.
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(1) Louis François Armand de Vignerot du Plessis, duc de
Richelieu (1696-1788), petit neveu du cardinal.
(2) Les mots en italiques sont choisis dans le
vocabulaire du 18ème siècle. Vous pouvez aussi les traduire (même si
la chose est horrible) : vit =
pénis ; con = vagin.
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