Monday, September 24, 2012

Citation du 25 septembre 2012



Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse. Elle périt par un usage prolongé. Non par usure : par accident. C’est-à-dire, si l’on préfère, par usure de ses chances de survie.
Francis Ponge – La cruche (Pièces, p 94-96)
Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse… Quand on n’est pas capable de faire meilleur commentaire que celui-ci, on se contente de le recopier – d’autant qu’on peut lire ici le poème d’où il est extrait.
Mais, ne désespérons pas : certes, je ne saurais pas faire mieux pour le commentaire, mais je pourrais au moins faire état des pensées qu’il suscite :
- Notons d’abord que la cruche peut être inusable, mais qu’elle n’est pas indestructible.
Il en va donc ainsi également de nous : supposez qu’on ait trouvé le moyen de nous conserver une éternelle jeunesse. Par exemple, par une reprogrammation génétique – un auto-clonage ou quelque chose comme ça – on retrouverait à volonté nos 20 ans. Serions-nous pour autant immortels ? D’une certaine façon, oui ; car la maladie  ou l’usure de l’âge n’auraient pas de prise sur nous ; mais on pourrait néanmoins périr par accident sur la route – un crash, la tête arrachée ou la poitrine enfoncée – ou alors par meurtre prémédité – une rafale de kalachnikov (1).
- L’essentiel maintenant. La pensée que nous propose Ponge consiste à dire : puisqu’inévitablement même ce qui est inusable finira par être détruit, alors il y a quand même une usure : celle des chances de survie.
Mais alors, ce principe peut aussi être appliqué dès maintenant à nous tous, nous dont l’espérance de vie s’allonge spectaculairement. Statistiquement, vous risquez d’avantage de périr dans un accident ou assassiné par un malfrat si vous vivez 90 ans au lieu de 50. Et ça, on n’y peut rien parce qu’on n’a pas encore trouvé le moyen d’éliminer les aléas de l’existence.
Et c’est tant mieux !
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(1) Occasion de rappeler que le legs le plus évident et le plus durable de l’Union soviétique au monde est la kalachnikov. Je sais bien que ça n’a rien à voir avec mon propos, mais ça me fait plaisir.

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