Tout le rêve de la démocratie est
d'élever le prolétaire au niveau de bêtise du bourgeois. Le rêve est en partie
accompli.
Gustave
Flaubert – Correspondance
On le sait Flaubert se retrouvait
d’accord avec les Goncourt par son mépris du peuple. Avec, pour Flaubert un
égal mépris de la bourgeoisie qui était alors au pouvoir.
Du coup, le sens de l’histoire est
celui d’une déchéance : quand le peuple sera devenu aussi bête que les
bourgeois, il pourra acquérir le pouvoir démocratique, alors ce sera
l’épanouissement (sic) de l’évolution politique de notre société. Et, en quoi
consiste donc la bêtise bourgeoise ? En quoi diffère-t-elle de la bêtise
populaire ? – En ceci que la bourgeoisie se rengorge dans la certitude de
constituer l’élite, alors que le peuple se contente de l’admirer d’en bas. Oui,
ce qui manque au peuple, du temps de Flaubert, c’est de mépriser l’élite de la
République.
Depuis un siècle et demi, la Démocratie
est en place et si Flaubert revenait que pensez-vous qu’il dirait – par exemple
en voyant le succès promis à Donald Trump ?
- Voilà, dirait-il, l’inversion de ce
que je connaissais, mais hélas ce n’est pas un progrès ! On a un bourgeois
qui pour être élu par le peuple doit se présenter comme un prolétaire mal
élevé ! Qui insulte les élites, qui les humilie comme s’il était un garde
rouge ! Qui serait bien incapable de gouverner ne serait-ce qu’une minute
les Etats-Unis, – mais qui est préféré pour cela !
Oui, c’est vrai : la démocratie
contemporaine a pris ce virage qu’on devinait déjà du temps des Goncourt (cf. ici) : pour occuper le fauteuil du Président, il
nous faut un bouffon. Pour gouverner il nous suffit d’avoir des spécialistes.
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