Monday, March 14, 2016

Citation du 15 mars 2016

Chose horrible ! des entrailles engloutir des entrailles, un corps s’engraisser d’un autre corps, un être animé vivre de la mort d’un être animé comme lui ! 
Ovide – Propos attribués à Pythagore

Je reviens aujourd’hui sur un Post du 8 mars où j’avais cité ce texte sans développer cette condamnation de l’alimentation carnée. J’y reviens parce qu’Ovide utilise différents procédés, dont certains ne sont pas très courants.
1 – D’abord, le plus banal : au lieu de dire « Tu es ce que tu manges » il inverse le procédé : « Ce que tu manges te ressemble. Le même dévore le même et donc au prix de la mort de ton semblable que tu vis ». Là, il s’agit d’affirmer que nous ressemblons essentiellement à l’animal, pas à la plante : je suis comme l’agneau dont je viens de mettre une côtelette dans mon assiette, mais je ne suis pas comme le poireau qui cuit dans ma soupe. Et du coup, la vie que je ravis à l’animal destiné à la boucherie est la même que celle de l’homme ; et l’agneau que l’on égorge est comme son petit enfant.
2 – Filant la métaphore jusqu’au détail, Ovide nous invite à comparer ce que nous ingérons avec ce qui nous permet de digérer. Il s’agit de trouver une identité entre l’alimentant et l’alimenté, mais plus subtilement qu’avec le cannibalisme, il nous invite à imaginer l’estomac qui avale l’estomac, la tripe qui digère la tripe, les entrailles qui engloutissent des entrailles.

Oui, voilà des choses horribles, et rien ne sert de dire : « J’ai été fait comme ça, et les autres animaux font exactement comme ça eux aussi : c’est un processus naturel, voulu par la nature (ou par Dieu) ». Car on vous rétorquera que l’humanité ne vaut que par les efforts qu’elle fait pour s’élever au-dessus de l’animalité. La société, avec les règles qu’elle nous contraint d’observer pour pacifier les rapports humains, ou avec les prohibitions qu’elle impose à l’instinct sexuel afin d’introduire un peu de moralité entre les hommes. Voilà ce qui caractérise l’Homme. Et donc pourquoi ne pas en faire autant avec ce que nous mangeons ?

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