Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent.
Aphorisme
cité par le chanteur Renaud dans Télérama n°3453
On peut disculper la girouette : ce n’est pas elle qui
est responsable de l’instabilité qu’elle manifeste : c’est le vent. La
girouette, quant à elle se borne à nous signaler que les choses ont changé et,
surtout, qu’elles ne sont pas établies fermement. Gardons l’œil sur elle, car
elle est un signal de ces changements.
Bon – mais alors que dire du vent ? Car, c’est lui qui
cause ces changements incessants, c’est lui qui fait tournoyer la girouette sur
le toit. Mais le vent, c’est juste un déplacement d’air entre des hautes
pressions et des basses pressions : ce sont elles qui sont responsables du
déplacement de l’air donc du mouvement de la girouette. Mais ces pressions,
elles aussi sont déterminées par des écarts de températures, et ce sont leurs
variations qui provoquent ces changements de cap qui affectent le vent – et ainsi de
suite : nous sommes engagés par l’enchainement des causes dans une
régression ad infinitum.
o-o-o
Reste que la girouette a mauvaise réputation parce qu’elle
est instable : on ne reproche rien au bouchon porté par le courant ;
certes il n’est pas plus responsable que la girouette, mais lui au moins il va
toujours dans le même sens. Oui, c’est cela qu’on reproche à la girouette :
avec elle on ne sait jamais de quoi demain sera fait : pointée vers le sud
ou vers l’ouest ? Qui sait… On voudrait qu’elle résiste, ou au moins
qu’elle aille toujours dans le même sens.
Mais soyons lucides : si c’est le vent qui fait tourner
la girouette, et si ce sont les masses d’air qui déplacent le vent et si… etc. :
alors ce sont des causes toujours plus gigantesques qui sont responsables
finalement de cette pirouette sur notre toit ; du coup, à quoi bon se
plaindre ? C’est un ordre universel, et qu’y pouvons-nous ?
D’ailleurs, même si nous y pouvions quelque chose qui sait si ce ne serait pas
pire après ? C’était là le message des stoïciens.
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