L'amour pur
est le délicieux préliminaire de l'autre.
Eugène Marbeau (1825-1909) – Remarques et
Pensées
Il y a un
préliminaire à la jouissance amoureuse, et ce préliminaire est l’amour pur qui impose une distance
respectueuse par rapport à l’aimée, car le désir s’accroit de l’attente qui lui
est imposée. On le savait bien autrefois, quand le jeune homme devait faire sa
cour à la demoiselle avant de l’épouser et de goûter ensuite à l’intimité de sa
chair.
Pourquoi
faut-il ce délai ? La libido, comme un fleuve paresseux a besoin d’un
barrage pour s’accumuler avant de se déverser comme un torrent impétueux. D’ailleurs,
l’homme sensuel sait parfaitement cela : il fait « durer le
plaisir », il impose une distance à la femme qu’il veut séduire ; il
lui fait sentir combien elle le désire, il exige qu’elle attende afin qu’elle prenne
conscience de son impatience et du besoin qu’elle a du corps de cet homme.
Mais alors,
pourquoi convoquer l’amour pur ? Il suffit de mettre une barrière
infranchissable entre hommes et femmes, comme certaines religion le font encore
aujourd’hui : il n’est que de voir les tabous mis par l’islam par exemple sur
la chevelure des femmes pour se dire qu’il faut être bien excité pour
s’enflammer à la vue de ces cheveux. Les tabous sexuels créent les désirs qu’ils
ont pour fonction de retenir : que demander de plus ?
Oui, mais
l’amour pur est un délicieux préliminaire comme le dit notre auteur. Car durant
cette attente amoureuse, au lieu de tirer la langue (sic) en rêvant à ce que cache
le jupon, voilà le jeune Romeo qui tombe en adoration pour la finesse des
doigts qui pianotent sur le Smartphone, ou pour ce charmant profil qui se
penche pour le trouver au fond du sac à main – choses qui lui deviendront indifférentes
quand il pourra se remémorer ce qui passe dans les replis intimes de son corps.
Bénédiction
de l’amour pur :
Ne couchez jamais
le premier soir !
No comments:
Post a Comment