Chacun imite un courage qui n’a jamais existé.
Alain
– Minerve ou de la sagesse
Le héros qui affronte sans trembler la mort, le martyre qui
marche d’un pas ferme au supplice : ces exemples, que certains sont tentés
d’imiter, illustrent une exceptionnelle force d’âme. Mais, nous dit
Alain : ce ne sont que des représentations idéales, jamais des réalités.
- Et pourtant, voilà le martyr qui entre dans l’arène des
supplices en mettant ses pas dans les traces de Jésus montant au
calvaire ; et puis le soldat cerné par les ennemis qui cherche à imiter
les héroïques défenseurs qui, après avoir tiré leur dernière cartouche, ne se sont
pas rendus, offrant aux balles leur poitrines comme dernier rempart. Comment le
contester ?
- Alain persiste : avec cet effort vous cherchez en
réalité à vous hisser au-dessus de la condition humaine ; votre orgueil
est immense, de vouloir être plus qu’aucun homme n’a jamais été. Certes, les
exemples que vous citez sont grands. Mais ont-ils jamais existé ?
- Pour Jésus, c’est la foi qui nous dicte l’obligation d’y
croire. Mais Blandine, martyrisée à Lyon en 177 ap.J.C., subit le martyre sans
faillir, le regard tourné vers les cieux.
Et les résistants qui ont chanté la Marseillaise devant le
peloton d’exécution ? Ou qui ont clamé leur volonté d’indépendance comme dans
ce tableau de Goya qui célèbre le Tres de Mayo :
La vérité c’est que ces héros et ces martyrs n’ont pas voulu
imiter le courage ; ils l’ont
vécu comme la conséquence de leur foi.
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