C'est
cela l'amour, une élection : lorsque l'on se choisit l'un l'autre, sans autre
raison que l'amour.
Eliette Abécassis – Le palimpseste
d'Archimède
L’amour
est électif. Mon amoureuse m’a choisi et c’est pour cela que je suis fier
d’être aimé. Et moi-même ? L’ai-je choisie ? Ah… Je sens bien que je
suis né pour l’aimer elle ! Et
si elle venait à disparaître, serait-il imaginable que j’en choisisse une autre ?
Non, bien sûr, l’amoureux qui a perdu son aimée est inconsolable : il
meurt d’amour sur sa tombe.
Mais
imaginons maintenant ces amants qui se sont rencontrés à l’occasion d’une
soirée bien arrosée de vacances. Eh bien, l’amour fait que, même si c’est par
hasard que la bien-aimée s’est trouvée sur le chemin de son amoureux, celui-ci
en un éclair réalise que c’est elle – et elle seule – qui lui convenait :
« En toutes les femmes que j’ai connues c’était elle que je
cherchais ». Mieux encore : en dehors de la situation du choix, il se
peut que celle qu’il aime soit simplement celle en qui il se reconnait :
« si j’avais eu à choisir entre 50 femmes, c’est elle qui aurait été
l’élue ».
Il y a
pourtant deux objections :
- La
première consiste à dire que cette conception de l’amour est strictement
fusionnelle. L’être aimé est élu parce qu’il fait partie de l’être que je veux
devenir, un peu comme avec les hermaphrodites séparés de Platon. Mais, 3 ans
sont passés et voilà notre hermaphrodite qui se divise, chacun allant chercher
ailleurs sa nouvelle moitié.
- La
seconde ajoute, que – oui, c’est le choix qui détermine l’amour ; mais –
non ça ne veut pas dire que l’aimée soit l’élue véritable. Car c’est toujours
notre maman/papa que nous recherchons en cette femme/homme. C’est avec elle
(=maman)/lui (=papa) que nous voulons coucher, ou la protéger ou se blottir
dans son giron. Le choix de notre compagne/compagnon se fait comme dans un
concours de beauté un peu spécial : pas forcément la plus belle, mais
la plus ressemblante.
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