Les femmes des uns font le bonheur des
autres.
Gustave
Flaubert
Une telle citation est-elle digne de
Flaubert ? Peut-être pas, mais faisons comme s’il y avait une idée
magistrale derrière ça.
Ainsi, voilà que le mariage éteint très
vite les feux dont il est né et que la banalité du couple assoupit le désir –
au point que certains vont passer, avec leur épouse, une nuit d’hôtel à deux
pas de chez eux pour sentir l’attrait renaitre d’un cadre nouveau.
On comprend alors que la femme (ou
l’homme) qu’on ne regarde même plus (1) puisse devenir un objet de convoitise,
puisque seule, puisqu’étrangère, puisque nouvelle : à défaut de paraître
belle, la femme qu’on délaisse est devenue un objet désirable pour un autre.
Alors, voilà un bel espoir pour celle
ou celui qui vient d’être abandonnée ! Madame, vous avez été jetée dehors
par votre homme qui est rentré un soir avec une catin qu’il a ramassée sur le
port. Vous voilà à la rue, mal fagotée, avec le rimmel qui fout le camp…
Qu’importe ! Vous êtes en réalité une nouveauté pour d’autres qui vont
vous recueillir et vous dorloter parce que pour eux vous êtes un moyen de
ranimer leur flamme.
Oui, on aimerait bien que ça soit vrai,
mais hélas ! Flaubert est formel : ça ne marche que si le nouvel
amant peut ravir cette femme à un
rival, et non si elle est devenue une épave à la dérive dans le ruisseau. Outre
la nouveauté, il faut la conquête : le nouvel amant veut s’imaginer en
ravisseur.
Que faire alors ? Madame, si votre
homme vous a fichue dehors secouez fièrement votre chevelure, allez passer la
nuit sur les dancefloor en disant : « Enfin libre ! » et là
vous verrez peut-être venir à vous le beau ravisseur qui vous dira
« Libre ? Pas pour longtemps » et qui vous enlèvera sur son beau
scooter…
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(1) « Ah! Tu es belle à regarder / Tes bas tombant sur tes chaussures / Et
ton vieux peignoir mal fermé / Et tes bigoudis quelle allure / Je me demande
chaque jour / Comment as-tu fait pour me plaire? / Comment ai-je pu te faire la
cour » chante Charles Aznavour
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