Saturday, March 12, 2016

Citation du 12 mars 2016

L’auteur dans son œuvre doit être comme Dieu dans l’univers, présent partout et visible nulle part.
Flaubert / Lettre
Madame Bovary, c’est moi !
Flaubert (Formule apocryphe)

Voilà au moins une clé pour l’analyse littéraire ! Le style, c’est l’homme comme disait Buffon (1)…
Mais qu’est-ce que cela nous apprend sur le processus de création littéraire, une fois qu’on l’a assimilé à celui de la création divine ?
Déjà on apprend que nous sommes dans un contexte panthéiste. En effet si Dieu crée le monde tout en restant présent en lui, il n’y a plus de rupture significative entre Lui et le monde : Deus sive natura disait Spinoza. Du coup, on comprend que, si une œuvre littéraire est crée de la même façon, alors elle s’exsude de l’auteur, elle est comme excrétée de son esprit, et surtout pas machinée par son intelligence, construite et reconstruire en fonction de calculs savants et de recherches obstinées.
Quoique… Flaubert lui-même répond plutôt à ce second portrait qu’au premier. Lorsqu’il dit à George Sand qu’il l’envie pour la facilité avec la quelle elle écrit, il évoque ces heures pénibles, où, le front entre les mains il cherche le mot juste, la bonne construction de phrase.
On dira peut-être que cette œuvre, comme il le dira de madame Bovary, c’est lui-même, mais qu’il a simplement des difficultés à l’extérioriser, comme une poule qui devrait pondre un trop gros œuf ? Certains diront qu’au contraire il s’oblige à construire cette homogénéité qui n’est en réalité qu’un artefact ?
Là il faut demander leur avis aux spécialistes. Sartre, dans l’ouvrage qu’il lui consacre, évoque les 70 pages de manuscrit nécessaires pour produire les 4 pages finalement retenues pour la promenade en foret de Fontainebleau de l’Education sentimentale : « Il attendait que ça vienne » dit-il.
-----------------------------

(1) Cette formule célèbre est extraite du discours prononcé par Buffon à l’Académie française, lors de sa séance de réception, le 25 août 1753 (ce texte est connu sous le titre de Discours sur le style) Lire ici

No comments: