L’auteur dans son œuvre doit être comme
Dieu dans l’univers, présent partout et visible nulle part.
Flaubert
/ Lettre
Madame Bovary, c’est moi !
Flaubert
(Formule apocryphe)
Voilà au moins une clé pour l’analyse
littéraire ! Le style, c’est l’homme
comme disait Buffon (1)…
Mais qu’est-ce que cela nous apprend
sur le processus de création littéraire, une fois qu’on l’a assimilé à celui de
la création divine ?
Déjà on apprend que nous sommes dans un
contexte panthéiste. En effet si Dieu crée le monde tout en restant présent en
lui, il n’y a plus de rupture significative entre Lui et le monde : Deus sive natura disait Spinoza. Du coup, on comprend
que, si une œuvre littéraire est crée de la même façon, alors elle s’exsude de
l’auteur, elle est comme excrétée de son esprit, et surtout pas machinée par
son intelligence, construite et reconstruire en fonction de calculs savants et
de recherches obstinées.
Quoique… Flaubert lui-même répond
plutôt à ce second portrait qu’au premier. Lorsqu’il dit à George Sand qu’il
l’envie pour la facilité avec la quelle elle écrit, il évoque ces heures
pénibles, où, le front entre les mains il cherche le mot juste, la bonne
construction de phrase.
On dira peut-être que cette œuvre,
comme il le dira de madame Bovary, c’est lui-même, mais qu’il a simplement des
difficultés à l’extérioriser, comme une poule qui devrait pondre un trop gros
œuf ? Certains diront qu’au contraire il s’oblige à construire cette
homogénéité qui n’est en réalité qu’un artefact ?
Là il faut demander leur avis aux
spécialistes. Sartre, dans l’ouvrage qu’il lui consacre, évoque les 70 pages de
manuscrit nécessaires pour produire les 4 pages finalement retenues pour la
promenade en foret de Fontainebleau de l’Education
sentimentale : « Il attendait que ça vienne » dit-il.
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(1) Cette
formule célèbre est extraite du discours prononcé par Buffon à l’Académie
française, lors de sa séance de réception, le 25 août 1753 (ce texte est connu
sous le titre de Discours sur le style) Lire ici
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