L'ignorance
et la bêtise sont des facteurs considérables de l'Histoire.
Raymond Aron – Le spectateur engagé
Voilà un
sujet de méditation qui risque de nous entrainer très loin : car si l'ignorance
et la bêtise paraissent parfaitement contingents, en revanche on voudra
toujours expliquer de façon rationnelle et par des causes essentielles les
évènements historiques. On se dit que, par exemple, Louis XVI qui fut incapable
de reprendre le contrôle de la situation en 1789, aurait de toute façon été
entraîné par la tornade révolutionnaire, quand bien même il eut été conseillé
par Machiavel en personne. Pourtant Aron le suggère, il en aurait été autrement
avec un roi un peu plus malin : peut-être aurait-il réussi à se
maintenir au pouvoir, le temps de redresser la situation économique et
politique ? On dira qu’on parle pour ne rien dire parce qu’on ne réécrit
pas l’histoire. Oui, c’est vrai : l’histoire ne peut se réécrire – mais
c’est tout bonnement parce qu’elle n’est jamais écrite sauf après-coup, par
l’historien qui introduit la nécessité d’un enchainement logique.
Pour tenter
de vérifier l’adage de Raymond Aron, tâchons d’analyser un évènement
contemporain, qui n’est pas encore dans les manuels d’histoire : le Brexit.
On nous
explique que les citoyens britanniques ont été inondés de fausses nouvelles qui
ont déformé l’opinion, l’entrainant vers le vote favorable à la sortie de
l’Europe – la vérité ne se révélant qu’en suite lorsque ces conseillers
maléfiques ont fuit leurs responsabilités au lendemain du vote. Ces mensonges étaient faciles à démasquer,
mais… c’est précisément ce que beaucoup n’ont pas su faire (par ignorance), ou
ont refusé de faire (par bêtise).
Mais en fait c’est
là que nous retrouvons l’incertitude précédente : est-ce de la bêtise et
de l’ignorance, forces indéniables mais accidentelles, ou bien s’agit-il
d’illusions issues de désirs puissants et profonds qui accompagnent la nature
humaine en toute époque et en tout lieu ?
A moins que cette analyse ne soit elle-même qu’un peu d’illusion projetée sur le puissant cours de l’histoire, fleuve profond et souterrain qui en charriant les choses humaines nous donne à croire qu’elles ont décidé elle-même de se déplacer, alors qu’elles ne sont qu’entrainées ?
A moins que cette analyse ne soit elle-même qu’un peu d’illusion projetée sur le puissant cours de l’histoire, fleuve profond et souterrain qui en charriant les choses humaines nous donne à croire qu’elles ont décidé elle-même de se déplacer, alors qu’elles ne sont qu’entrainées ?
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