Saturday, September 02, 2017

Citation du 3 septembre 2017

De tous les animaux qui s'élèvent dans l'air, / Qui marchent sur la terre, ou nagent dans la mer, / De Paris au Pérou, du Japon jusqu'à Rome, / Le plus sot animal, à mon avis, c'est l'homme.
Boileau – Satire
« SOTTISE, subst. fém.  A. − Défaut d'intelligence, de jugement, de bon sens. » dit sobrement le dictionnaire »
CNTRL (voir ici)
Du coup, on comprend que seul celui qui peut disposer de l’intelligence, d’un jugement et de bon sens peut aussi devenir sot en étant dépourvu de ces qualités. Mais c’est un peu trop vite dit. On devine que si les animaux ne sont jamais sots, c’est pour une raison positive et non par défaut.
La première tient à la caractéristique de l’action, instinctive chez l’animal, apprise chez l’homme.
On peut dire qu’en dehors de la prétention à disposer de la vérité, la sottise consiste en une erreur de jugement : le sot serait par exemple incapable de mesurer l’effort qu’il doit faire pour réussir dans son entreprise ou pour parvenir à une vérité. L’animal de son côté n’a lui non plus jamais de distance entre le projet et l’action, mais elle ne lui manque pas : il sait ce qu’il doit faire avant même d’entreprendre de le faire, tel est le sens de l’instinct. Il est vrai que les espèces les plus évoluées ont une part d’apprentissage tel le jeu du chaton qui mime la capture de la souris en courant après la pelote de laine ; mais ce jeu justement est une disposition amorcée par l’instinct de l’animal, et son développement est strictement réglé par son développement organique. Quand mon chat saute sur la table, il a récapitulé le bond dans son corps, dans ses muscles, avant même d’avoir sauté. Raison pour la quelle il ne rate jamais et pour la quelle également il ne tente pas dès lors qu’il se sent insuffisant.
Le sot quand à lui ne connaît pas une telle limite : sa sottise ne consiste pas seulement à ignorer son ignorance mais en plus elle consiste à prétendre savoir : la sottise est présomption, prétention qui devient ridicule devant la certitude de son incompétence.


On voit ainsi la seconde composante de la sottise : elle est psychologique et morale ce qui ne saurait bien sûr apparaître chez l’animal.

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