Nier la
religion, ce bonheur illusoire du peuple, c'est exiger son bonheur réel. Exiger
qu'il abandonne toute illusion sur son état, c'est exiger qu'il renonce à un
état qui a besoin d'illusions.
Marx – Pour une critique de la
philosophie du droit de Hegel (1843)
Et si rien
n’avait changé depuis que Marx écrivait ces lignes ? Sans doute, la
régression de la religion (du moins de la religion comme fondement du pouvoir
politique – Cf. Marcel Gauchet) est-elle effective dans nos démocraties ; mais
on devrait aussi regarder avec un peu plus de circonspection le comportement de
nos partis politiques. Comment expliquer que des marchands d’illusions se
soient infiltrés au premier rang de ceux qui ont de l’influence en
politique ? A quoi tient donc l’extrême popularité de ceux qui promettent
que tout est possible, à condition – par exemple – de faire « payer les
riches » ?
Aujourd’hui
on dit que les idéologies ont disparu, que leurs vastes et impressionnantes
constructions sont en ruines et que plus personne ne s’intéresse à ce qui va
arriver après- demain. Mais regardez : qu’est-ce qui soutient nos tribuns,
nos démagogues, nos bateleurs, tous ces charlatans ? N’est-ce pas le désir
si fort enraciné dans le cœur des hommes qui veulent à tout prix qu’il y ait
une solution à chacun de leur problème ?
Je me
rappelle encore le lendemain de l’élection de François Hollande, en 2012,
combien certains d’entre nous étaient
stupéfaits de voir élu un homme dont les promesses étaient si peu réalistes ;
au point de se dire que personne ne croyait réellement que l’homme qu’ils
venaient d’élire serait capable d’en réaliser la moitié. Mais qu’importe ?
Plutôt que d’élire celui qui promet « Du sang, de la sueur et des
larmes », élisons celui qui promet mille ans de bonheur.
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