Wednesday, September 13, 2017

Citation du 14 septembre 2017

Fabienne Kabou n'est pas une jeune femme perdue et déconnectée de la réalité : elle a un QI bien supérieur à la moyenne.
Jacques Pradel – L’heure du crime
Nous poursuivons encore un instant la dramatique histoire de cet infanticide commis sans explication raisonnable par une mère, qui ne trouve d’autres justification que celle d’un démon qui se serait emparé de son âme.
La personnalité de cette femme renforce le caractère énigmatique de ce crime. Car Fabienne Kabou, est issue d’une famille aisée de Dakar (1), ce qui fait dire à Jacques Pradel « cette jeune femme n’est pas perdue et ni déconnectée de la réalité : elle a un QI bien supérieur à la moyenne. » - et  on précise : QI de 135.
Bien sûr, c’est facile d’ironiser sur de tels jugements en soulignant que les hommes de la préhistoire étaient fort bien adaptés à leur milieu et qu’ils n’ont jamais eu besoin d’un QI de 135 pour survivre – Attention ! Je ne suis pas entrain de dire qu’ils étaient des brutes au front bas ; simplement j’observe que suivant la règle darwinienne qui veut que seuls les mieux adaptés survivent, et se reproduisent, Pradel serait entrain de supposer que seuls des surdoués auraient pu vivre assez longtemps pour se reproduire et de générations en génération nous serions tous des descendants de génies –  et donc génies nous mêmes ! Hum…
Mais, plus sérieusement, l’esprit un peu  curieux se demandera : est-ce qu’une telle intelligence ne désadapte pas de la réalité, plutôt que d’en assurer compréhension et maitrise ? Le modèle populaire est celui du savant fou


(Vu ici)

Le savant fou est certes supérieurement intelligent, mais il est en revanche incapable de saisir les valeurs du présent et s’acharne à tout détruire – un peu comme cette mère qui abandonne son enfant sur le rivage à la marée montante…
On cherchera dans la littérature philosophique des arguments en faveur de cette hypothèse chez les ennemis de la raison, Rousseau et autres (2).
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(1) Elevée à Dakar dans un milieu très favorisé, fille d'un traducteur de l'ONU et d'une femme salariée par une grande maison d'édition, excellente élève, l'accusée a abandonné des études d'architecture au profit d'un cursus universitaire de philosophie: elle avait commencé une thèse sur Wittgenstein.
(2) Il est vrai que les ennemis de la raison, ainsi que le constate Kant, sont plus généralement des épicuriens qui ne trouvent pas leur compte de plaisir dans l’exercice de la raison.

« Plus une raison cultivée s'occupe de poursuivre la jouissance de la vie et du bonheur, plus l'homme s'éloigne du vrai contentement. Voilà pourquoi chez beaucoup, et chez ceux-là mêmes qui ont fait de l'usage de la raison la plus grande expérience, il se produit, pourvu qu'ils soient assez sincères pour l'avouer, un certain degré de misologie, c'est-à-dire de haine de la raison. En effet, après avoir fait le compte de tous les avantages qu’ils retirent, je ne dis pas de la découverte de tous les arts qui constituent le luxe ordinaire, mais même des sciences (...), ils trouvent qu’en réalité ils se sont imposé plus de peine qu’ils n’ont recueilli de bonheur ; aussi, à l’égard de cette catégorie plus commune d’hommes qui se laissent conduire de plus près par le simple instinct naturel et qui n’accordent à leur raison que peu d’influence sur leur conduite, éprouvent-ils finalement plus d’envie que de dédain. » Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs.

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