Friday, September 08, 2017

Citation du 9 septembre 2017

  Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.
Emmanuel Kant – Fondements de la métaphysique des mœurs
La reconnaissance de l'humanité en tout homme a pour conséquence immédiate la reconnaissance de la pluralité humaine. L'homme est l'être qui parle mais il y a des milliers de langues. Quiconque oublie un des deux termes retombe dans la barbarie.
Raymond Aron
Dans l’impératif kantien, deux idées : l’une que tout homme recèle en lui la totalité de la dignité humaine ; deuxièmement que tout homme doit être considéré comme porteur d’une valeur qu’il faut respecter pour elle-même et non comme un moyen qu’on peut utiliser en vue d’une fin quelconque (1). C’est ainsi que les droits de l’homme sont fondés comme universels.
Toutefois, cette universalité fait problème dans la pratique : car qu’est-ce que l’homme s’il est universel ? Raymond Aron le souligne : La reconnaissance de l'humanité en tout homme a pour conséquence immédiate la reconnaissance de la pluralité humaine. Puisque partout l’homme est homme, alors il faut admettre qu’il y a mille façons d’être un homme et donc que le potentiel humain se réalise de façon diversifiée partout où l’homme apparaît. Selon l’exemple choisi, la capacité à utiliser un langage symbolique signifie aussi que les symboles peuvent changer d’une langue à l’autre, mais pas la capacité humaine qui est supposée présente intégralement dans tous les cas.
Ce qui caractérise le fanatisme raciste de nos jours encore, c’est le refus d’admettre cette universalité dans le domaine de l’aspect physique ; on dirait la même chose avec la religion : il n’y a qu’une religion véritable, ne sont humains que ceux qui reconnaissent ce Dieu-là.
Tout cela nous paraît très évident ; pourtant il y une égalité qui nous concerne un peu plus, c’est celle des femmes et des hommes. Car n’est-ce pas, en reconnaissant la pluralité humaine dont parle Raymond Aron, on admet en même temps que les femmes sont une variante de l’humanité qui ne porte aucunement atteinte à leur dignité d’être humain, mais qui en revanche les détermine à occuper certaines places bien déterminées dans la société – places souvent subalternes. Etre une femme, c'est bien être un être humain, mais plutôt comme "celui" qui balaie le bureau que comme celui qui s'assoit dans le fauteuil du PDG.
Mais on peut supposer qu’avec cette pluralité donc parle Aron, il y a également la variabilité. S’il y mille façon d’être un être humain, il doit y avoir aussi des milliers de façons d’être une femme (ou d’être un homme).
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(1) Kant écrit : « jamais simplement comme un moyen. », puisqu’il est impossible de vivre sans le secours des autres ; si donc nous devons les « utiliser » comme moyen, néanmoins nous de devons jamais ne jamais les considérer que comme un simple instrument au service de nos besoins. C’est pourtant comme cela qu’étaient considérés les esclaves.

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