Agis de telle
sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la
personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais
simplement comme un moyen.
Emmanuel Kant – Fondements de la métaphysique
des mœurs
La
reconnaissance de l'humanité en tout homme a pour conséquence immédiate la
reconnaissance de la pluralité humaine. L'homme est l'être qui parle mais il y
a des milliers de langues. Quiconque oublie un des deux termes retombe dans la
barbarie.
Raymond Aron
Dans
l’impératif kantien, deux idées : l’une que tout homme recèle en lui la
totalité de la dignité humaine ; deuxièmement que tout homme doit être considéré
comme porteur d’une valeur qu’il faut respecter pour elle-même et non comme un
moyen qu’on peut utiliser en vue d’une fin quelconque (1). C’est ainsi que les
droits de l’homme sont fondés comme universels.
Toutefois,
cette universalité fait problème dans la pratique : car qu’est-ce que
l’homme s’il est universel ? Raymond Aron le souligne : La reconnaissance de l'humanité en tout
homme a pour conséquence immédiate la reconnaissance de la pluralité humaine.
Puisque partout l’homme est homme, alors il faut admettre qu’il y a mille
façons d’être un homme et donc que le potentiel humain se réalise de façon
diversifiée partout où l’homme apparaît. Selon l’exemple choisi, la capacité à
utiliser un langage symbolique signifie aussi que les symboles peuvent changer
d’une langue à l’autre, mais pas la capacité humaine qui est supposée présente
intégralement dans tous les cas.
Ce qui
caractérise le fanatisme raciste de nos jours encore, c’est le refus d’admettre
cette universalité dans le domaine de l’aspect physique ; on dirait la
même chose avec la religion : il n’y a qu’une religion véritable, ne sont humains que ceux qui reconnaissent ce Dieu-là.
Tout cela
nous paraît très évident ; pourtant il y une égalité qui nous concerne un
peu plus, c’est celle des femmes et des hommes. Car n’est-ce pas, en
reconnaissant la pluralité humaine dont parle Raymond Aron, on admet en même
temps que les femmes sont une variante de l’humanité qui ne porte aucunement
atteinte à leur dignité d’être humain, mais qui en revanche les détermine à
occuper certaines places bien déterminées dans la société – places souvent
subalternes. Etre une femme, c'est bien être un être humain, mais plutôt comme "celui" qui balaie le bureau que comme celui qui s'assoit dans le fauteuil du PDG.
Mais on peut
supposer qu’avec cette pluralité donc parle Aron, il y a également la
variabilité. S’il y mille façon d’être un être humain, il doit y avoir aussi
des milliers de façons d’être une femme (ou d’être un homme).
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(1) Kant
écrit : « jamais simplement
comme un moyen. », puisqu’il est impossible de vivre sans le secours des
autres ; si donc nous devons les « utiliser » comme moyen, néanmoins
nous de devons jamais ne jamais les considérer que comme un simple instrument au service de nos besoins. C’est
pourtant comme cela qu’étaient considérés les esclaves.
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