La misère religieuse est tout à la fois l'expression de la
misère réelle et la protestation contre la misère réelle. La religion est le
soupir de la créature accablée, l'âme d'un monde sans cœur, de même qu'elle est
l'esprit d'un état de choses où il n'est point d'esprit. Elle est l'opium du
peuple.
Marx
– Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel (1843)
La misère a besoin de soupirer et de savoir qu’on entend son
soupir. La religion est là pour ça, on dirait même que les soulagements qu’elle
peut apporter aux pauvres êtres humains ne sont que cela mais que c’est
suffisant. Sinon comment comprendre qu’elle continue a avoir de l’influence,
alors qu’aucun résultat concret n’est jamais venu des prières adressées à
Dieu ?
Ce genre de réflexions me venait à l’esprit récemment quand
le Président Macron de passage à Marseille allait à la rencontre des
manifestants qui protestaient dans la rue contre les ordonnances prises pour
réformer le droit du travail.
En effet, au milieu de cris et de remontrances, ce qu’il a
entendu c’était aussi le « soupir de
la créature accablée », celle qui n’écoute pas les réponses parce qu’elle
n’émet sa plainte que pour se faire entendre. Et le Président n’est là que
comme oreille pour entendre sa souffrance.
Je me disais que pour le dirigeant politique la vie pouvait
se diviser ne deux : d’une part, la prise de décision dans la solitude du
bureau doré de l’Elysée à coup de paraphe olympien.
Et puis oreille
tendue dans les manifestations pour en recueillir les cris.
C’est d’ailleurs ce que
la religion catholique a bien compris avec la confession, où l’oreille
du confesseur est tout ce qui se devine derrière la grille du confessionnal.
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